Autour de Gérald, la terre tourne. Elle tourne bien trop vite d’ailleurs puisqu’en pénétrant dans le bureau d’accueil où sa mère l’attend, il ne peut s’empêcher de s’agripper à l’une des poignées de l’armoire où sont rangés les dossiers des patients pour ne pas tituber. La tête lui tourne et il semble ne plus appartenir à ce monde. Sa mère lui avoue dans un sanglot - ton père est dans le coma, Gérald, nous partons d’ici. Le jeune homme, soutenu par deux infirmiers, tangue à gauche, à droite, puis recule pour sortir du bur eau mais son cr âne vient heurter violemment l’angle de la porte. Sonné, il s’assoit sur le sol, hagard, cherchant des gravillons à compter espérant retrouver Monsieur Mouillot, le surveillant de l’école qui lui dirait – Gérald ! Lève toi, je ne veux pas que tu tires les cheveux de tes camarades écolières pendant la récréation ! Mais il n’y a plus de gravillons, plus de surveillant, juste un carrelage froid, propre et sans aucun défaut. Ce sont les infirmiers qui l'aident et le portent presque jusque dans la voiture. Il ne dit pas un mot pendant le trajet. Maryse roule vite, le paysage défile autour de lui mais il s’en fiche… d’ailleurs, habitué, il se souvient qu’elle lui rabâchait "'à cause de tes TOC tu vas encore être en retard à l'école ! Cette pensée furtive lui redonne ce moindre sourire qui l’emmènera jusqu’à l’hôpital. Arrivés à destination, deux infirmiers les accompagnent jusque dans la chambre de Paul. Des médecins équipés de carnets prennent des notes autour de cet homme endormi. Voyant Maryse et son fils pénétrer dans la chambre, ils les saluent puis s'effacent respectueusement, dans un silence mortuaire.