Il n’est pas interdit, je l’espère, de reconnaître quand il y a lieu les mérites de ceux qui nous gouvernent … C’est loin d’être certain dans les ambiances tendues et sectaires dont nous sommes souvent les témoins.
Certes l’immense catastrophe japonaise avait éclipsé la situation critique en Libye et plus généralement l’évolution du « printemps de jasmin » dans les pays arabes, sur la rive sud de notre Méditerranée.
Nicolas Sarkozy avait pu paraître velléitaire et même décalé par rapport à beaucoup d’européens et en particulier les allemands. Paris décide très unilatéralement de reconnaître le Conseil national de Transition en Libye. L’annonce est faite sur le perron de l’Elysée par les membres de la délégation libyenne reçue, puis confirmée par l’incontournable BHL brûlant ainsi la vedette à Alain Juppé en difficulté avec nos partenaires européens à Bruxelles.
De nombreux commentateurs ont alors entonné l’air de la moquerie, accusant le Président français de faire simplement un effet d’annonce et de circonstance de plus. Cette prise de position serait d’une part tardive, d’autre part sans effets réels car incapable de rallier une majorité à l’ONU. Ici même, nous étions plus que sceptiques quant au réel impact de ces déclarations. C’est une raison supplémentaire pour souligner la réussite de cette stratégie.
La diplomatie française a tenu bon, a persisté dans sa fermeté et Alain Juppé était présent lui-même à Washington pour défendre la résolution franco-britannique. Il est notable que la Ligue Arabe soutient cette résolution et que le Liban a pu participer au vote du conseil de sécurité hier soir à Washington.
A Benghazi, la population a semblé soulagée et heureuse de cette prise de position de l’ONU : le signal envoyé n’est pas neutre pour elle à un moment ou le découragement pouvait l’emporter.
Il est toujours cruel de constater que seule la guerre est en mesure de venir à bout des oppressions et des tyrans, mais il est heureux de constater que l’organisme international aura été pour une fois réactif. Rappelons-nous les longues hésitations et errements lors du conflit Yougoslave et le pénible martyre de Sarajevo pour finalement en arriver aux bombardements qui mirent rapidement fin à un conflit interminable.
Il ne s’agit pas, ici en Libye, d’intervenir militairement au sens généralement donné à cette notion, à celui par exemple engagé en Irak, mais d’empêcher le dictateur déchu de tirer et de tuer les civils de la zone qui lui échappe à l’est du pays. Il reste maintenant à faire le pari que cette volonté, clairement affirmée et positivement suivie, sera de nature à dégonfler l’arrogance du dictateur. Rien n’est moins sûr, mais l’essentiel aura été préservé, l’honneur des démocraties et le signe donné à ceux qui acceptent de risquer leur vie pour la liberté. C’est ce message que notre Ministre des Affaire Etrangères, Alain Juppé a délivré, lui même, devant nos parteanaires Onusiens avec sobriété, dignité et efficacité hier soir, démontrant que même toute petite sur le globe, la France peut encore y jouer un rôle majeur quand elle sait “conserver le cap”
Il es impossible d’être heureux au soir d’une déclaration de guerre, c’est toujours le constat d’un échec, mais il est agréable de constater que la France n’est pas absente de ce message en faveur de la libération des peuples.