Dans « Comment Woody Allen peut changer votre vie » (Editions du Seuil), le psychanalyste suisse Éric Vartzbed propose un regard particulièrement original sur l’oeuvre du cinéaste et sur ses supposées vertus thérapeutiques.
Expliquant en préambule le choc qu’il ressentit à la vue d’ Une autre femme (réalisé par W. Allen en 1988), une « rencontre capitale » qui provoqua chez lui un « travail de compréhension », l’auteur, à travers cet essai d’une centaine de pages, tente de répondre à l’interrogation majeure de chacun : comment être heureux ? Via la filmographie de l’auteur de Annie Hall.
Voir l’oeuvre de Woody Allen au travers du prisme de la psychanalyse est évidemment un angle idéal, tant le sujet est omniprésent dans tous ses films.
Comme le rappelle E. Vartzbed, Allen est resté… Trente-six ans en analyse, considérant finalement que les bénéfices de sa cure sont nombreux, à commencer par celui de « libérer les dons qui sont en nous ».
Une forme de catharsis dynamisante face à l’échec, qui « favoriserait l’équilibre du sujet », une « névrose féconde » qui pousserait à la création.
En quelques chapitres abordant des questions fondamentales, liées au sentiment amoureux, à la sexualité, à la spiritualité, à l’imposture, au désir, à l’interdit, à la valeur du langage, à la frustration, à la quête du bonheur…
Éric Vartzbed analyse avec brio les scénarii d’Allen, resituant sa vision de l’existence au travers de citations d’une extrême drôlerie, marques de fabrique de ce clown blanc pour qui « la dépression n’est qu’une réaction naturelle aux problèmes de la vie ».
Ainsi, le personnage de Gabe, dans Maris et Femmes, déclarant « La seule fois où Rifkin et sa femme avaient connu un orgasme simultané, c’est au moment où le juge leur avait remis l’acte de divorce ».
La clef de la morale de Woody Allen, selon Vartzbed, est « Peu importe comment, pourvu que cela marche » (Whatever works), l’auteur qualifiant avec humour le cinéaste de « Spinoza à New-York« . Face à la difficulté d’aimer, de vivre, Allen propose dans ses films une « hygiène de vie pragmatique », qui « valorise l’expérience, les essais, les erreurs, jusqu’à ce que l’individu se connaisse, cerne ce qu’il aime et s’y voue ».
Si la lecture de « Comment Woody Allen peut changer votre vie » ne changera pas forcément votre existence, elle ravira tous les fans du réalisateur, qui y trouveront matière à réflexion et matière à sourire, en n’oubliant pas que « Le plus important est de ne pas être triste », ainsi que l’a récemment déclaré le cinéaste.
Merci à Alain Granat et à l’execellent site jewpop