Nicolas Sarkozy est le seul à avoir reconnu l'opposition libyenne. Poignée de main sur le perron de l'Elysée.
Ils attendaient que cessent les immixtions permanentes des conseillers de l'Elysée, des réseaux parallèles, des émissaires officieux. Ils espéraient que le ministère des affaires étrangères participerait de nouveau à la définition et à la mise en oeuvre de la politique extérieure de la France. Malheureusement, ces attentes ont été rapidement déçues. Alors que les ministres des affaires étrangères des États membres de l'Union européenne se réunissaient, le 10 mars 2011 à Bruxelles, pour déterminer une position commune sur la crise libyenne, le Président de la Républiquea décidé de reconnaître, unilatéralement, le Conseil national de transition libyen installé à Benghazi.
Ce n'est pas le fond mais la forme de cette décision qui a suscité un vif étonnement, voire la consternation, tant parmi nos partenaires qu'au sein du Quai d'Orsay. Elle a en effet été prise sans aucune concertation avec les responsables diplomatiques français et les chancelleries européennes, qui ont été placés devant le fait accompli. Ce n'est donc pas avec le ministre des affaires étrangères que le Président de la République a discuté de cette initiative diplomatique et du dossier libyen mais avec un philosophe parisien qui s'est auto-proclamé, à la fois, expert sur la Libye, après avoir passé trois jours sur place, et accessoirement porte-parole de l'Elysée. Cela prêterait à sourire, si la situation n'était pas aussi dramatique pour le peuple libyen. En outre, cette annonce a revêtu un caractère totalement incongru puisqu'elle a été faite par des membres mêmes de ce Conseil libyen, en totale contradiction avec les usages et le droit.
M. François Loncle demande au Premier Ministre comment il considère cette « diplomatie du perron » qui donne la fâcheuse impression que notre politique extérieure est totalement improvisée, en quelque sorte à nouveau « kouchnérisée », qu'elle cherche désespérément à compenser sa pusillanimité lors des révolutions tunisienne et égyptienne, qu'elle tente d'occulter sa complaisance passée à l'égard du colonel Kadhafi. Il souhaite que le Premier Ministre lui indique la manière dont nos partenaires européens ont apprécié ce nouveau cavalier seul de la France qui, après les avoir court-circuités, a tenté — en vain — de leur imposer sa position. Il voudrait enfin savoir si de telles initiatives ne sont pas contre-productives et ne tendent pas à isoler la France sur la scène internationale. »
François LoncleDéputé de l'Eure