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"Je pars à l'entracte" de Nicolas d'Estienne d'Orves

Par Angelalitterature
Je pars à l'entracte, Lettre de Nicolas d'Estienne d'Orves, chez NiL Editions, 73 pages, 7€.
Je pars à l'entracte est l'un des trois premiers livres de cette nouvelle collection "Les affranchis", chez NiL Editions. Un nouvelle collection dont le but est de demander à l'auteur d'écrire La lettre qu'il n'a jamais écrite.
Dans cette lettre, Nicolas d'Estienne d'Orves écrit à Nicolas. Son meilleur ami qui s'est suicidé. Il lui écrit. Il se livre à lui. Il lui parle de lui, de leur relation. Surtout de leur relation. De ce qu'ils ont vécu, de tout ce qu'ils ont partagé, mais aussi de ce qu'ils n'ont jamais osé partager. Il lui dit tout ça, comme s'il était encore là. Qu'il pouvait l'écouter. Qu'il pouvait prendre acte des quelques reproches.
Je n'en dis pas plus sur le contenu, je préfère vous laisser le découvrir.
J'ai été touché par cette lettre. D'autant plus que je me suis retrouvée dans le caractère de Nicolas d'Estienne d'Orves. J'ai eu l'impression dans de nombreux passages d'avoir déjà vécu et ressenti les mêmes états et sentiments que lui. Parfois même d'avoir dit ou pensé des phrases identiques ou fortement proches des siennes, à propos de l'amitié par exemple.
Au delà de ce côté entièrement personnel (encore que certainement un grand nombre d'entre vous se retrouveront dans quelque trait de cette histoire d'amitié) , j'ai été touché par le style. Un style... Beau. Oui beau est le mot adapté. Cette lettre est écrite avec une plume fine et délicate, qui laisse échapper une once d'insolence de temps en temps. On rêve tous de recevoir des lettres écrites d'une plume si belle.
On ne peut pas passer à côté de ce petit livre, si beau en son intérieur.
"Écrivant ces mots, je comprends à l'instant pourquoi, dans tes voyages, tu allais systématiquement renifler la misère et la fange. Ce n'était pas pour te rassurer de ta condition de petit Occidental bourgeois et catholique; c'est parce que tu les enviais. Oui, sincèrement. Tu en crevais de ne pas crever. Tu te labourais les entrailles de ne pas mourir dans la misère, d'être un provincial nourri au lait frais, de ne pas être à la hauteur de ton malheur intime. Rien ne te frappait : nulle malédiction, aucune infection. Tu aurais tant voulu avoir une destinée digne de la tragédie de ces hommes, de ces femmes, qui mouraient dans les bidonvilles de Calcutta et de Bénarès. Mais non, tu as toujours été du bon côté de la barrière; et ca, tu ne l'as jamais accepté." {Page 40-41}
Nicolas d'Estienne d'Orves est né en 1974, et a déjà publié romans, essais et nouvelles. Les deux derniers étant une nouvelle aux Éditions du moteur (Coup de fourchette) et un essai aux Éditions Actes Sud (Jacques Offenbach). Il est aussi chroniqueur au Figaro. Et il adore l'andouillette.Blog de Nicolas d'Estienne d'Orves
Nicolas d'Estienne d'Orves dédicacera Je pars à l'entracte, au Salon du livre de Paris, sur le stand de NiL Éditions (H44), dimanche 20 mars, à partir de 15h.

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