Fukushima bouleverse le monde

Publié le 17 mars 2011 par Sequovia

A l’heure où les japonais qui le peuvent quittent petit à petit la ville de Tokyo, l’inquiétude est grandissante sur l’archipel nippon face à l’ampleur des dégâts au sein de la centrale nucléaire de Fukushima. C’est une réelle épidémie qui touche l’ensemble des réacteurs de la centrale dont les dernières nouvelles en date ne signalent aucun signe d’amélioration. Les équipes de Tepco travaillent d’arrache pied afin de contenir la situation et tenter de refroidir les réacteurs en fusion. Ce matin encore, le constat n’est pas brillant : à 5h15 les techniciens prononçaient leur inquiétude à l’égard du réacteur 5 pour lequel le niveau d’eau y est en baisse et la pression croissante.

 

 

  • Retour sur ces derniers jours au Japon

Les dégâts humains et matériels sont alarmants. Selon un bilan provisoire, le séisme du 11 mars aurait déjà fait plus de 11000 morts et disparus. La situation risque malheureusement de s’aggraver puisqu’hier, au Nord-est du Japon, des chutes de neige impressionnantes sont venues compliquer l’intervention des secours dans la recherche d’éventuels survivants. Les températures sont basses (jusqu’a -2C°) dans les régions les plus touchées par le tsunami renforçant, de ce fait, la complexité de survie des populations aujourd’hui démunies de logement, d’eau et de nourriture.
Que pensez face au désarroi que vivent actuellement les populations japonaises ? Le constat est lourd et risque d’empirer dans les jours qui viennent. En effet, à cela s’est ajouté l’endommagement des systèmes de refroidissement de plusieurs réacteurs des centrales nucléaires Fukushima-1 et Fukushima-2, situées sur l’île de Honshu, au bord du Pacifique. Des explosions d’hydrogène se sont produites au niveau de quatre réacteurs de Fukushima-1 et un incendie s’est déclaré mardi près du réacteur N°4. Les autorités ont ainsi ordonné l’évacuation des habitants dans un rayon de 20 km autour de la centrale.

La menace d’accident nucléaire s’étend à présent à 6 réacteurs. Le bilan d’hier n’est pas des plus encourageants avec « au compteur » trois fusions partielles des cœurs de réacteurs, deux incendies de combustible usé et cinq explosions d’hydrogène. La centrale relâche désormais de très importantes quantités de radioactivité dans l’atmosphère. Dans 4 réacteurs, le combustible usé pourrait être en contact avec l’environnement.
Hier soir, les médias ont rassuré les populations en garantissant que l’orientation du vent acheminerait les particules radioactives vers l’Est, soit vers l’Océan Pacifique. La météo n’est cependant pas un facteur stable. Il peut varier à tout moment et provoquer des situations inattendues.

  • L’Europe réagit face à la menace nucléaire

L’Europe a confirmé hier sa décision de mettre en place des tests de résistance volontaires des centrales nucléaires de l’Union. Les experts en charge de ces tests et le cahier des charges des procédures seront déterminés pour l’été 2011. La décision a été prise lors d’une rencontre des représentants des gouvernements européens, des responsables de centrales et des autorités nationales européennes de sûreté nucléaire, organisée à Bruxelles.

L’objectif de cette démarche est « de réévaluer les risques d’inondations, de tsunamis, d’attaques terroristes, de tremblements de terre et de coupures d’électricité » a annoncé le commissaire européen à l’énergie, Günther Oettinger. L’envergure des tests dépendra essentiellement de l’ancienneté et de la technologie des réacteurs évalués. La question de l’évaluation a également été évoqués pour les déchets nucléaires, notamment quand le stockage est effectué sur site après utilisation.

Actuellement, l’Union Européenne comptabilise 153 réacteurs atomiques mais aucune information n’a été communiquée quant au nombre concerné par ces fameux tests. L’initiative est avant tout basée sur une démarche volontaire, aucun caractère obligatoire n’ayant été mentionné. Le cadre réglementaire en vigueur stipule que les Etats membres doivent établir des instances de contrôle indépendantes. La Commission ne peut donc pas imposer ces tests et se retrouve, de part cet engagement, pieds et poids liés face à la situation.

La France a manifesté sa volonté de participer activement à un passage au crible de chacune de ses 58 centrales nucléaires. Hier, le chef d’Etat, Nicolas Sarkozy a annoncé lors du Conseil des Ministres que « les enseignements de l’accident Fukushima seront tirés, à travers une revue complète des systèmes de sûreté de nos centrales nucléaires ». Il a de ce fait déclaré « son plein soutien à la démarche engagée au niveau européen », sans préciser explicitement si les installations françaises subiront les tests européens. Par ailleurs, l’Elysée a déclaré vouloir « intensifier l’effort d’harmonisation et d’amélioration des normes de sûreté au niveau européen et international. »

  • Porte ouverte aux énergies renouvelables

Alors que le Japon fait face à une très grave crise nucléaire, l’avenir de la filière semble être désormais en suspens. On peut sans doute anticiper le fait qu’en cas d’explosion atomique au Japon, l’opinion publique risque de mettre la pression sur les gouvernements pour revoir la politique énergétique basée sur le nucléaire. De ce fait, les marchés semblent anticiper ce mouvement anti-nucléaire, et envisagent une maximisation de la productivité électrique basée sur le renouvelable.

Alors que l’accident nucléaire japonais fait chuter EDF de plus de 5% à la Bourse de Paris, le cours de Bourse de sa filiale dédiée aux énergies renouvelables EDF Energies Nouvelles bondit de 4,8%, à 33,4 euros. Pour les analystes de Jefferies, « cet incident ne manquera pas de jeter le doute sur la sécurité de l’énergie nucléaire et il est probable qu’il aura un impact durable sur l’industrie ». En revanche, il est « positif pour les énergies renouvelables, qui semble être plus que jamais la seule source sûre d’énergie non émettrices de CO2 ».

Cette tendance s’avère majeure et complexe pour la France qui est le plus gros producteur d’électricité par le nucléaire (78% de sa production électrique totale). Martine Aubry et Nicolas Sarkozy ont d’ailleurs apposé leur idée sur la question en soumettant le fait que les rendements actuels des supports énergétiques renouvelables ne suffiraient pas à compenser les 63 236 GW, actuellement issus de l’électricité par le nucléaire.

  • Avis de Sequovia

Nous suivons de très près l’évolution de l’épisode tragique qui se déroule actuellement au Japon et nos pensées vont aux victimes de ce drame et aux 180 collaborateurs de Tepco qui s’efforcent, tant bien que mal, de limiter les conséquences de la catastrophe, au péril de leur vie. La montée en puissance des énergies renouvelables, après les signaux négatifs émis il y a quelques semaines relève de l’impérative nécessité alors que depuis le début de l’aventure nucléaire, les gouvernements de droite et de gauche n’ont cessé de soutenir le nucléaire, le présentant comme la panacée énergétique, ce que les responsables aux affaires d’aujourd’hui comme leurs opposants ne cessent de faire. On se plairait à rêver de responsables politiques et industriels qui feraient un peu plus de place au doute et un peu moins à l’assurance de détenir une technologie totalement maîtrisée qui frôle l’arrogance. Jusqu’au 11 septembre 2001, les Tours jumelles du World Trade Center de New York étaient réputées indestructibles… Qui aurait pu imaginer qu’une catastrophe de l’importance de Fukushima puisse arriver au Japon, pays célébré pour sa maîtrise industrielle et technologique, sans parler de celle de ses systèmes de management de la qualité

La situation est effectivement inquiétante à bien des points de vue. Et il faut souligner le courage des personnes qui interviennent actuellement pour essayer de maîtriser la situation. Mais il me semble qu’il y a une erreur : selon certaines informations Tepco aurait retiré ses agents …