Importation de graffiteur Suisse
Mark, le graffiti et le social
Mark est originaire de Suisse. Très jeune, il est initié à l’art du graffiti et s’ouvre à la culture hip-hop. 20 ans plus tard, il épouse plus que jamais les valeurs de ce milieu qui l’a fait voyager de par le monde. Il porte un nouveau regard sur cette philosophie de vie qui a évoluée avec les générations.
Dominic Desmarais Dossier Graffiti, Hip-hop, Sterling Downey
Graffiteur Suisse amoureux du Québec
Mark découvre la belle province en 1999. Habitué des tournées européennes de graffiti qui le mènent en Allemagne, en France, en Espagne et en Angleterre, il débarque au festival Under Pressure à la demande d’un gros commanditaire qui lui paie le voyage. Il peint des fresques lors de l’événement et, plutôt que de repartir deux semaines plus tard, il s’incruste un mois de plus. L’ambiance de la culture hip-hop québécoise le galvanise. «J’ai fait un saut dans le temps. Ça ressemblait à nos débuts, en Europe. L’intérêt des médias, de la publicité pour le graffiti, le hip-hop… J’arrivais à un moment où il y avait une dynamique incroyable!»
Le Suisse aime tant le contact avec les artistes québécois qu’il décide de revenir, à ses frais, l’année suivante. Sterling Downey, l’organisateur de la convention graffiti Under Pressure et graffer de la première heure, lui ouvre les portes de son réseau. «Il m’a dirigé vers les personnes influentes. Les boutiques de linge, le milieu du graffiti. Il a un énorme réseau! Ça m’a permis d’aller peindre des murales avec d’autres artistes!»
Grâce à l’ouverture de Sterling Downey, Mark peut assouvir sa passion. «C’est enrichissant de voir d’autres artistes internationaux. Moi, quand je fais une fresque, je suis rarement seul. J’aime partager avec un autre, dans un autre pays, avec des gens de styles différents, qui ont une expérience de vie différente. L’échange est valorisant. Au niveau de la langue, de la culture. Le graffiti est très international. C’est là son énorme pouvoir social.»
Mark utilise le graffiti comme une façon de voyager, de fraterniser. Grâce aux médias, à Internet, il apprend à connaître des artistes d’un peu partout sur la planète. «En 3 courriels, si je veux aller en Australie, je peux être hébergé par d’autres graffers. Il y a un lien. On a ça en commun.»
Mark, à travers les œuvres des autres artistes qu’il n’a jamais rencontrés, peut voir s’ils épousent, comme lui, les valeurs de sa culture. Comme il l’a vécu avec Sterling Downey. «La base du hip-hop, c’est de changer le négatif en positif. Au lieu d’aller dans la criminalité est venue l’envie de faire un battle de rap ou de danse. La grosse valeur du hip-hop, c’est le respect. Même si certains l’oublient. Dans le graf, il y a des codes. Mais les jeunes ne les respectent pas. Sterling Downey aimerait les éduquer. Je le comprends. Mais de par mon expérience, je sais que certains jeunes n’en ont rien à foutre.»
Des ados qui se cherchent
Mark a constaté que le graffiti est un art qui rejoint les adolescents qui s’y adonnent quelques années. «Tu commences quand tu es jeune, dans la période où tu te cherches. Vouloir transgresser les règles ou d’en créer soi-même, vient à cet âge. Il faut en être conscient. Je ne dis pas de le cautionner. Certains font des murales, d’autres des tags. Certains vont respecter les autres, mais pas tous. Même s’ils font partie du même milieu. À cet âge, on cherche à socialiser, à appartenir à un groupe. Les jeunes suivent des modes et celles-ci changent. Ce n’est pas grave. Le hip-hop des années 2000 n’est pas le hip-hop des années 1980 qui a créé une contre-culture pour revendiquer. Ça évolue, à l’image de la société.»
Le graffiti fait partie de la culture hip-hop mais Mark le considère différent du rap, du breakdance, des MC, DJ, des skaters et du slam. «Historiquement, le graffiti vient avant le hip-hop. Il s’y est assimilé mais comme un électron libre. C’est la seule composante de cette culture qui peut créer des problèmes. Tu n’iras pas en prison parce que tu danses ou que tu chantes. Le graffiti est un art marginal, qui attire des jeunes qui veulent se distinguer dans leur milieu. C’est long et difficile d’éduquer le public. Nous les graffers, nous sommes assimilés à des vandales. Mets un public devant une murale graffiti ou peinte normalement, il va la voir comme un acte de vandalisme. C’est comme ça que le public reçoit le message du graffiti : des jeunes à problèmes, qui se droguent, qui sont violents. Bien sûr que la violence chez les jeunes existe. Mais vient-elle du graffiti? Du hip-hop? Moi, je connais des jeunes qui font du graffiti. Mais leur finalité, c’est la violence gratuite. Leur trip, c’est de casser des vitres. C’est dans la démarche artistique et personnelle du jeune qu’on peut remarquer s’il s’intègre à la culture ou pas.»
Du hip-hop communautaire
La culture du hip-hop, telle que vécue au Québec, faciliterait l’intervention auprès des jeunes. «Ici, il y a une intervention collective et communautaire. Ce qu’on retrouve peu en Europe. La convention graffiti Under Pressure met de l’avant et regroupe toutes les composantes du hip-hop. Chez nous, les gens ne se mélangent plus trop. Au Québec, les jeunes peuvent comprendre qu’il n’y a pas qu’eux. Ils s’ouvrent aux autres, aux modes d’expressions différents des leurs. C’est une façon de les éduquer», affirme-t-il en répétant comprendre la volonté de Sterling Downey de sensibiliser la jeune génération qui gravite dans le milieu hip-hop.
L’implication des plus vieux, Mark y croit. Il le vit. «Une des valeurs du hip-hop, c’est de transmettre aux plus jeunes. Le graffiti, c’est un acte où tu parles de toi. Tu t’exprimes. Tu le fais pour toi. Alors ce n’est pas tous les jeunes qui vont redonner à la culture. C’est comme dans la société. On n’invente rien. Pour moi, c’est une philosophie de vie. Je me suis construis là-dessus: solidarité, expression, transmission de valeurs, éducation.» Ce n’est pas pour rien que le graffiti a mené Mark au travail social, en Suisse. Il peut suivre les valeurs apprises depuis sa tendre adolescence.
Photos de Murales et fresques urbaines.
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