Même si on savait que la situation financière et sportive du club conduisait inexorablement Bourgoin à la relégation, l'officialisation de sa rétrogradation jette un sérieux froid sur le paysage rugbystique Français.
En perdant samedi dernier son 19ème match en 21 rencontres de Top14, le club Isérois a donc pris l'ascenceur, un ascenseur qui s'arrêtera dans le meilleur des cas à l'étage immédiatement inférieur à l'élite. Car les difficultés financières du club pourraient le conduire en fédérale 1, si la DANCG venait à prendre une sanction administrative en fin de saison.
Il y a quelque chose d'ironique à cette officialisation qui intervient au même moment que la mise au ban du XV de France de l'un des joueurs Berjalliens les plus emblématiques, Sébastien Chabal. Disons-le tout net, on est plus malheureux du sort du CSBJ que du troisième ligne centre du Racing métro. Mais au-delà du cas de l'homme-abribus (le terme lui convenant sans doute mieux que celui d'homme sandwich, eu égard à son impressionnante carrure...), on rappellera que le club de Bourgoin a produit des joueurs de grand talent, qui pour certains ont fait honneur au maillot bleu frappé du coq.
C'est en effet par la qualité de sa formation que Bourgoin restera dans l'histoire de ce sport. Et c'est sans aucun doute grâce à elle que ce club sans moyens démesurés a pu rester aussi longtemps dans l'élite (présent sans discontinuer depuis 1981).
Et l'on peut craindre qu'en perdant une telle rampe de lancement pour les jeunes, le Top14 se prive (et prive du même coup l'équipe de France) d'un atout majeur dans le dispositif qu'elle a mis en place visant à promouvoir les joueurs issus des centres de formation.
On rétorquera que le club n'est pas mort, que la ProD2 affiche un niveau intéressant et que Bourgoin reviendra en élite. Mais est-ce vraiment certain ?
A l'heure où le rugby Français privilégie une forme d'escalade financière, alors que le LOU aiguise ses crocs à quelques kilomètres de la Berjallie, on peut craindre que Bourgoin ne rejoigne la liste - trop longue - des clubs historiques qui ont sombré dans l'anonymat de l'ovalie amateur.
Une telle issue serait une très mauvaise nouvelle pour le rugby hexagonal, et pas seulement pour les supporters ciel-et-grenats, auxquels Renvoi aux 22 pense plus particulièrement aujourd'hui.