Toutes les sociétés contemporaines sont aujourd’hui confrontées à une dualité porteuse de crises, voire de drames. C’est celle des deux secteurs, privé et public, recouvrant deux sphères d’activités, celles qui sont soumises à la concurrence et celles qui ne le sont pas.
Que ces deux secteurs soient ou non intrinsèquement différents par nature importe assez peu ici. Ce qui compte – et ce qui fait que des décisions urgentes et difficiles doivent être prises – c’est la divergence grandissante entre les rémunérations, y compris avantages sociaux et droits à pension, des uns et des autres.
Chaque année, si on ne fait rien, l’écart se creuse. Pour une raison facile à comprendre : il est plus facile, pour un syndicat, bénéficiant d’un monopole ou au moins subventionné, de négocier avec les politiciens qui sont à la tête d’un pouvoir exécutif, que cela ne l’est pour un autre, souvent peu représentatif, dans une entreprise exposée au vent de la concurrence mondiale, et donc, indirectement, aux bas salaires chinois !
Cette divergence n’est pas nouvelle. Simplement elle s’accélère. L’écart entre les avantages du public et du privé, longtemps au détriment du premier, se creuse désormais à son bénéfice. Au point d’en être scandaleuse. On a par exemple calculé qu’un euro de cotisation payé en France par un fonctionnaire pouvait lui rapporter deux à trois fois plus que le même euro payé par un salarié du privé…
Cette situation, pour injuste qu’elle soit, ne choquerait que les envieux, et ne serait qu’intolérable, si elle n’était pas tout simplement insupportable. D’autant qu’évidemment le nombre des fonctionnaires a tendance à croître en même temps que le coût de chacun augmente. En France, les salariés de la sphère publique sont à ce jour au nombre de sept millions. 25% de plus qu’il y a vingt ans …
Il faut donc tout à la fois réduire la sphère publique et supprimer les avantages exorbitants de ses agents.
Plusieurs méthodes sont possibles.
- La scandinave et l’allemande : les syndicats, dont la vocation est de défendre les intérêts de ses mandants sur le long terme, acceptent de remettre en cause des éléments devenus aberrants du contrat social.
- L’anglo-saxonne du nouveau monde (Canada, Nouvelle-Zélande, Australie) : un consensus politique se forme sur des objectifs de réforme, on en débat longuement et on passe à l’action, en utilisant à la fois le rabot et la hache…
- Celle de l’autruche : on attend que des événements extérieurs viennent obliger aux réformes, dans l’urgence. C’est le cas de la Grèce, de l’Irlande, de l’Islande, du Portugal, de l’Espagne.
- La voie démocratique pure et simple. Soit avec l’exemple de la Suisse et sa démocratie directe. Soit avec l’exemple du Royaume-Uni dirigée par David Cameron. Et, depuis le jeudi 10 mars dernier, celui de l’Etat américain du Wisconsin.
Porté par la vague du Tea Party en novembre dernier, un gouverneur républicain, Scott Walker, a été élu dans un État réputé démocrate, qui a pris ses fonctions le 3 janvier 2011.
Comme il avait promis de rétablir un budget en équilibre, sans augmenter les impôts, il a donc décidé, avec sa majorité, de remettre en cause le statut des fonctionnaires de son Etat : aussi bien le monopole syndical de la négociation des conventions collectives, que les cotisations réduites de couverture maladie et de pensions de retraites.
A la stupéfaction générale et scandalisée des médias, aux Etats-Unis comme en Europe, qu’un élu puisse si tôt tenir ses promesses !
Le prochain gouvernement de la France aura le choix : suivre l’exemple du Wisconsin. Ou attendre que celui de la Grèce ne s’impose…
Alain Dumait, directeur de la publication du Cri du Contribuable
Lire aussi, en anglais : Real politics in Wisconsin
Articles similaires :