Le poids des secrets

Parité, voilà un mot dans l’air du temps. Alors, après ma première chronique où les hommes lecteurs étaient à l’honneur (">">" target="_blank">un, deux, trois… lecteurs), aujourd’hui, c’est au tour des femmes. Voici donc trois romans, écrits par des femmes et dont le personnage principal est une femme, trois romans qui nous montrent combien le silence, les non-dits et les secrets peuvent peser sur la réalisation de soi en tant que femme.

J’attends, Capucine Ruat

« Si je t’apprends tout cela c’est pour que tu saches d’où tu viens, et où nous allons tous les deux. Les enfants ne naissent pas toujours, ou mal ; et j’ai trop souffert des silences, dans cette touffeur des secrets. »
Angèle a 35 ans et attend son premier enfant. Dans ce court roman, elle s’adresse à lui – elle l’a déjà prénommé Eric – pour lui raconter sa famille, cette famille qu’il ne connaîtra pas puisqu’ils meurent tous, mais qui pèse sur les épaules de cette frêle jeune femme avec ses non-dits, ce secret, un fil à la patte l’empêchant d’avancer. J’aurais pu être touchée par cette jeune femme. Mais plusieurs effets de style utilisés par l’auteur, comme l’enchaînement de phrases très courtes ou des descriptions détaillées n’apportant rien, m’ont tenu à distance de son histoire et je n’ai éprouvé aucune empathie. Ce livre ne laissera aucune marque en moi.

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Ils diront d’elle, Fanny Brucker

Estelle aussi a 35 ans. Elle n’attend pas d’enfant, mais doit se rendre à Paris pour fêter Noël en famille. Ses parents sont morts depuis plusieurs années, mais ses frères et sœurs – elle est la petite dernière d’une fratrie de cinq – tentent de maintenir cette tradition familiale instaurée par leur mère consistant à fêter Noël le 15 décembre afin de réunir tout le monde. Alors qu’elle s’apprête à retrouver sa famille, Estelle revient sur son enfance et sa vie de femme et se pose une question : son homosexualité, est-ce un choix, un défi ou un hasard de rencontres ?

Ce roman m’a profondément émue. La quête d’Estelle, son envie de comprendre, son histoire, tout m’a touché. Fanny Brucker a su parfaitement donner vie à Estelle et réussit à faire passer toutes ses émotions. J’ai parfois été déroutée par la narration non linéaire faite de retours en arrière à différents moments de la vie d’Estelle, mais ce n’est que pour mieux construire son histoire. Un roman qui, pour le coup, laissera une trace en moi.

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En ton absence, Natacha Wolinski

« Toi qui viens de si loin, des temps perdus de ma naissance, donne-moi ce que je n’ai pas eu, les aubes et les midis, les chuchotements et les promesses, les baisers, les à-tout-à-l’heure et les pleurs d’ivresse, le bonheur dans tes bras de danseuse indienne. »Natacha Wolinski est fille de. Dans ce très court récit, elle s’adresse à sa mère, disparue alors qu’elle n’avait que quatre ans, l’obligeant à composer avec seulement des photos d’une mère jeune à jamais et des bribes de souvenirs. Quant au père de Natacha, bien que vivant et présent, c’est aussi un fantôme. Installée en Afrique, Natacha s’y marie mais surtout elle y découvre le secret de sa mère, qu’elle portait en elle depuis toujours sans le connaître.
Ce roman est une très belle lettre d’une fille à sa mère. Natacha est devenue mère à son tour et elle souhaite, à travers ce livre, faire revivre cette mère disparue trop tôt, cette grand-mère que sa fille Lola ne connaîtra jamais. Court mais intense, j’ai été touchée en plein cœur par l’histoire et par le style poétique de Natacha Wolinski.

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Le secret, un thème qui a inspiré de nombreux auteurs. Avez-vous en tête un roman sur cette thématique qui vous a tout particulièrement marqué ?