Titre raccoleur, ça m’amuse !
e suis une ancienne “nulle en sport”. A l’école primaire déjà, j’étais la dernière (avec l’obèse de la classe) à trottiner avec grande peine derrière le prof et tout le peloton. Au collège, la prof de sport me croyait demeurée parce que je n’étais pas coordonnée, mes notes tournaient alors autour de 5. Au lycée, elle avait même convoqué mes parents parce que le sport quand même, ça compte pour le bac. Mon pire cauchemar, c’était madame Léone, qui prenait un malin plaisir à m’humilier devant les autres. Madame Léone, si un jour je vous recroise, je balance votre déambulateur dans l’escalier.Depuis, je suis toujours aussi nulle en gym, aux sports co et à environ 99% des activités sportives, mais j’ai trouvé des trucs où je peux me défouler régulièrement, j’ai même participé deux fois à une course à pieds. Je fais entre autres de la natation, dans une piscine de rêve.
Il y a environ un mois, sans réfléchir, j’ai proposé à un copain de participer à une course de natation dans la baie de Sydney, à côté de l’Opéra. En fait, ça m’a toujours tenté de faire l’une de ces courses typiques du coin, bien que je n’ai jamais nagé en mer. Mais je nage le crawl plusieurs fois par semaine depuis plus d’un an, alors je me suis dit : pourquoi pas moi ?
Le copain en question est super motivé et accepte de suite. Le problème, c’est que moi, depuis, j’ai attéri et réalisé qu’on ne nage pas comme ça en pleine mer, surtout lorsque l’endroit est plein de requins. Denis ne tient pas non plus à ce que je fasse cette course, il pense que je n’y arriverai pas (ce qui bien sûr me donne encore plus envie de lui donner tort).
Je dis oui, puis non, puis oui… et finis donc par m’inscrire pour ne pas à avoir à changer tout le temps d’avis. Entre temps, je ne tente pas une seule fois le crawl en pleine mer, mais je trouve par contre plein d’arguements contre la course :
- nager en pleine mer implique de devoir nager droit sans lignes à regarder au fond de la pistoche.
- nager droit implique de regarder devant soi, ce qui n’est pas très pratique en crawl
- nager dans le harbour, à côté de l’opéra, implique de nager à quelques mètres de l’endroit où un mec s’est fait croquer la main et la jambe par un requin-taureau, il y a 2 ans.
Il parait que les requins qui entrent dans la baie sont plus dangereux qu’en pleine mer, car ils ne trouvent pas la sortie et ont plus faim. Légende urbaine mais qui a toujours eu du pouvoir sur moi : je n’ai pas trop peur en mer, par contre dans la baie, sans filet à requins…
Le jour J, on se lève très tôt (un dimanche matin, ça fait râler) et on part pour la course. Une fois sur place, une fille vient de remporter la course précédente (c’est en fait une succession de plusieurs courses). La première question du journaliste :
“alors dites moi, avez vous aperçu un requin taureau pendant cette course ?”
Ah ah très drôle. La course va commencer, l’excitation monte, on se met en place. Un mec posé sur le bord salue les nageurs et leur souhaite de revenir sains et sauf. Gloups.
Pourtant le truc est super sécurisé : hélicoptère qui tourne au dessus de l’eau, plongeurs à quelques mètres de profondeur, des life savers sur leurs planches, environ tous les 10 mètres… mais je stresse.
Le mec annonce le départ et je me retrouve au milieu de 300 bras et jambes qui tentent de démarrer en même temps que moi. Des bras me mettent la tête sous l’eau, des pieds me donnent des coups au ventre, je manque d’air, je suffoque… c’est cauchemardesque.
Je tente de reprendre mon souffle et commence à faire le crawl… mais à travers mes lunettes, l’eau est trop opaque, on ne voit rien, c’est le vide autour de moi, plusieurs mètres de profondeur sous mes pieds, je dois tenir comme ça pendant un kilomètre… c’en est trop, je fais signe à un life saver que j’arrête.
Sur tous les participants de la journée, je suis la seule à avoir abandonné.
Madame Léone : 1 - Charlotte : 0.
On ne m’y reprendra pas.