Un nouveau billet de notre invité régulier, Jérôme Lurie. Sans plus d’introduction, « Champion du Monde ».
Où étiez-vous le 12 juillet 1998 ?
Didier DESCHAMPS soulève la coupe du monde, tout un pays fête ses champions, c'est la liesse générale dans allégresse d'un soir d'été.
Quelques semaines avant le début de cette compétition un accident s'est produit chez nos voisins Espagnol. Le 25 mai 1998, une usine espagnole fait fondre de l'acier dans ses hauts-fourneaux. Jusque là tout va bien.
Le 9 juin, le gouvernement Suisse annonce que les détecteurs placés sur son territoire avait mesuré un taux de radioactivité mille fois supérieur au niveau normal, dépassant localement 1 Bq/m3. La source était inconnue.
La France, l'Allemagne et l'Italie confirment ces mesures. Le lendemain, une fabrique d'acier proche d'Algeciras en Espagne signale à l'Agence Espagnole de Sécurité Nucléaire que des fuites radioactives avaient été détectées dans l'un des systèmes de filtration de ses hauts-fourneaux.
Le 12 juin, la source d'émission est identifiée comme étant un appareil de radiothérapie médical contenant une source de césium 137 qui apparemment avait fondu dans les hauts-fourneaux de la fabrique d'acier récupérant les déchets métalliques. La quantité de césium et la durée du processus n'ont jamais été connues mais on estime que l'incident s'est produit durant la dernière semaine de mai 1998.
Le 12 juin, l'AIEA (International Atomic Energy Agency) annonçait officiellement l'incident et spéculait sur son éventuelle relation avec les niveaux élevés de césium 137 détectés en Europe fin mai et début juin 1998. Des simulations ont été réalisées par le National Atmospheric Release Advisory Capability du LLNL (NARAC) sur base des concentrations de césium et des courants atmosphériques et ont permis d'identifier le lieu exact d'émission de césium. Il en ressort que l'usine libéra au total 1 850 GBq de césium 137 (50 curies). Ouf ! C'est moins que Tchernobyl qui en libéra 120 000 GBq en 10 jours.
Qui a entendu parlé de cet accident ? On allait tout de même pas annuler une coupe du monde de football pour si peu !!!
Les gouvernement français semble plus que jamais sélectif dans le traitement des informations surtout lorsqu'il s'agit des intérêts des groupes industriels français.
Le 10 avril 2003, la Société FRAMATOME ANP est titulaire du contrat de maintenance de la Centrale Nucléaire de PAKS en Hongrie. Lors d'une procédure de nettoyage de piles à combustible, une fuite radioactive endommage le réacteur, la population locale est en danger (AFP 12 mai 2003). Le niveau d'alerte est classé à 3. Il s'avère qu'une faute grave a eu lieu dans la planification du système de contrôle de refroidissement.
Le gouvernement hongrois confiera les réparations au groupe russe TVEL. Peu de temps après FRAMATOME ANP change son nom en AREVA...
Et pendant ce temps, à la Hague nous stockons la plus grande réserve de plutonium au monde... Nous sommes vraiment les CHAMPIONS !!!
J. LURIE