C’est à croire que Brice Hortefeux traîne derrière lui une belle batterie de casseroles. Après une éviction inattendue du gouvernement le 27 février dernier, l’ancien ministre de l’intérieur voit s’éloigner le poste de conseiller politique du président désormais annoncé au mieux pour cet été. L’Elysée a lancé les grandes manœuvres pour placer en quarantaine l’ami de trente ans. Pour ça, rien ne vaut un poste d’eurodéputé qui a l’avantage, outre les indemnités, d’offrir une appréciable immunité parlementaire.
Sans trop y croire et beaucoup sans le vouloir, Brice Hortefeux avait été élu eurodéputé dans la région Centre lors des élections du 7 juin 2009. Dès le 23 juin, il démissionnait pour conserver son poste de ministre ouvrant à Catherine Soullie, la suivante sur la liste, les portes du parlement européen.
Peu importe. Les souhaits de la modeste secrétaire départementale adjointe de la fédération UMP du Loiret n’ont rien pesé face à la volonté du Prince. Catherine Soullie a été contrainte à présenter sa démission afin de permettre à Brice Hortefeux de devenir parlementaire européen. Un hémicycle qu’il connaît même s’il l’a peu fréquenté tout au long de son mandat d’eurodéputé de1999 à 2005.
Sur le papier l‘affaire était pliée. Précautionneusement l’exécutif français en janvier 2009 a fait adopter une la loi organique qui permet à un ministre sur le retour, débarqué ou démissionnaire, de retrouver son siège de parlementaire. Peu satisfaisant sur le plan démocratique certes mais très efficace en revanche pour assurer le bon fonctionnement du jeu des chaises musicales.
Et voilà Brice Hortefeux, tel Boudu, sauvé des eaux. Enfin presque. Des esprits chagrins avancent qu’à partir du moment où le plus en vue des Auvergnats n’a pas siégé lors de la session constitutive de juillet 2009, il n’a jamais été député européen au sens du droit européen. Euractiv.fr. rend public sur son site une note interne de la commission juridique du Parlement européen qui émet un avis défavorable à ce tour de passe-passe.
Certes le règlement intérieur du Parlement européen stipule que tout député européen démissionnaire “est remplacé par le candidat figurant sur la même liste immédiatement après le dernier candidat devenu représentant conformément à l’ordre de cette liste”. Le suivant de liste et non le précédent…
Mediapart explique que l’Elysée a déjà prévu la parade. “Si aucun des cinq suivants n’accepte le siège, ce sont les autorités françaises - et donc le ministère des affaires européennes - , qui décident. L’idée est donc de décourager les cinq colistiers pour placer Hortefeux”.
Que les fans de l’humoriste de l’UMP se rassurent. La scène politique française ne devrait pas perdre pour autant la figure rubiconde de Brice Hortefeux. Comme Rachida Dati, il devrait se contenter d’émarger à Bruxelles pour continuer à sévir à Paris.
Jamais deux sans trois. Franck Johannès dans les colonnes du Monde révélait cette semaine que l’Elysée s’employait également à offrir un siège de député, à Franck Louvrier, ami et conseiller en communication de Nicolas Sarkozy en appuyant la candidature de Michel Hunault, député de Nantes, au poste de juge français à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).
Franck Louvrier n’est pas le suppléant de Michel Hunault. En cas de démission du député, il aurait donc fallu donc que son suppléant, Yannick Bigaud, se désiste, puis que Franck Louvrier soit élu à la faveur d’une élection législative partielle. Un montage compliqué “qui a avorté le 7 mars lorsque la Cour, consternée par le profil du candidat a, suprême humiliation, refusé de recevoir la délégation et sommé la France de trouver quelqu’un d’autre” avance Franck Johannès.
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