Alors que les peuples du Moyen-Orient se réveillent et tentent de se bâtir un avenir neuf en combattant des régimes totalitaires qui les étouffent depuis longtemps, de nouvelles et sournoises dictatures s’infiltrent dans notre humanité contemporaine.
Parmi elles se trouvent des communautés d’internautes qui organisent des assauts contre des entreprises. Ainsi dernièrement, Starbucks a décidé de changer son logo, un choix stratégique qui la regarde mais rejeté par des webomaniaques qui ont assailli la page Facebook de la société. Des assaillants virulents qui exigeaient le retrait pur et simple du logo, renouvelant l’opération menée quelques mois auparavant contre Gap qui a cédé trop rapidement à ses agresseurs. Howard Schultz, le PDG de Starbucks, a refusé de répondre au chantage de cette dictature communautaire, défendant avec raison son option marketing.
Les réseaux fédératifs et participatifs devraient privilégier l’expression libre par l’échange, le commentaire et non pas imposer une autocratie virtuelle. Dans la même foulée libératoire, les sites de type WikiLeaks qui revendiquent une « transparence absolue de l’information » (sic !), pêchent par une stratégie tyrannique —et parfois diffamante— qui consiste à tout dire, tout révéler sans discernement au prétexte que notre monde ne doit plus avoir de secrets pour personne.
Le moralisme néobourgeois qui se répand comme un onguent insidieux sur notre existence est une autre dictature en marche. Notre société sécuritaire et précautionneuse ne cesse de dresser des barrières hygiénistes contre les vachivores, les fumeurs, les échangistes, les amateurs de bons vins… Devons-nous tous devenir des existentialistes sans saveur au nom de principes autoritaires ? A cela viennent s’immiscer des idéologies impérieuses comme l’écologie dont la philosophie est largement pervertie par des petits césars ripolinés en vert.
Que dire encore des partis fascisants qui ensorcellent les grands médias et les sondeurs patentés, trop contents de manipuler les foules avec les relents moisis du nationalisme, du repli, de la haine de l’autre, du racisme anti-arabe. Nos médiacraties polluées par les démagogues et les corporatistes aboutissent dangereusement à une dictature électoraliste qui tourne à l’aigre et se limite à un seul mot à la mode : « Dégage ! » Un peu court pour faire avancer l’Histoire…