«J’ai du mal à me considérer comme une veuve. Je me rappelle avoir hésité, la première fois que j’ai dû cocher cette case dans la partie « état-civil » d’un formulaire. J’avais aussi du mal à me considérer comme une épouse. Etant donné le prix que j’accordais aux rituels de la vie domestique. le concept d’ « épouse » n’aurait pas dû me paraître problématique, et pourtant si. En réalité, je ne savais pas du tout comment me comporter en tant qu’épouseDurant ces premières années, j’accrochais des marguerites dans mes cheveux, pour me donner un style «jeune mariée». Plus tard, j’ai fait faire des robes en vichy assorties pour moi et Quintana, aspirant cette fois au style «jeune mère». Le souvenir que j’ai de cette époque, c’est que tous les deux, John et moi, nous improvisions, au petit bonheur. Les fleurs brunissent, les plaques tectoniques bougent, les courants marins se déplacent, les îles disparaissent, les pièces sombrent dans l’oubli.Il fallait s'adapter à ces changements. John m'a dit ça. Nul regard ne veille sur moi - mais ça,il me l'a dit."Dernières phrases de « L’année de la pensée magique » de Joan Didion.
Joan Didion avec sa fille Quintana et son mari John Gregory Dunne en 1976. Photographie de John Bryson/Time Life/Getty (Sur une idée de chiffonnette )