Les récepteurs cérébraux aux endorphines seraient impliqués dans la boulimie, selon une découverte récente qui explique le caractère addictif de ce trouble du comportement alimentaire qui reste mal connu de la communauté scientifique et ouvre la voie à de nouveaux traitements.
Publiée dans le "Journal of Nuclear Medicine", l'étude menée par Angela Guarda, psychiatre à l'école de médecine John Hopkins à Baltimore, identifie pour la première fois une cible moléculaire potentielle, les récepteurs aux endorphines, pour de nouveaux traitements.
En outre, elle apporte une explication au caractère addictif observé dans la boulimie, estime le médecin. Ce trouble du comportement alimentaire se caractérise par un refus volontaire de nourriture qui alterne avec un besoin irrépressible de se jeter sur les aliments et avec des crises de vomissement, le tout dans le but de contrôler son poids.
"Les patients se sentent piégés par ce cercle vicieux ce qui suggère qu'il existe un lien avec la notion de récompense", explique le Dr Guarda, ajoutant que "comme avec l'abus de substances addictives, la boulimie est souvent chronique et jalonnée de rechutes".
L'étude a porté sur huit patientes souffrant de boulimie, comparées à huit jeunes femmes de même âge et de même poids, en bonne santé. Les chercheurs ont examiné le métabolisme cérébral de chacune d'entre elles en recourant à la tomographie par émission de positons (TEP), qui utilise un composé radioactif se fixant sur les récepteurs µ-opioïdes du cerveau.
La fixation sur les récepteurs µ-opioïdes était plus faible au niveau du cortex insulaire gauche chez les boulimiques que chez les femmes en bonne santé, rapportent les auteurs. Cette région du cerveau est impliquée dans le processus du goût, ainsi que dans l'anticipation et la récompense d'un repas. Elle a en outre été impliquée dans d'autres troubles du comportement, dont l'addiction aux drogues et aux jeux d'argent.
Cette nouvelle étude met donc en évidence une nouvelle cible moléculaire pour le développement de traitements plus efficaces que ceux qui sont actuellement disponibles. Elle laisse également supposer que les médicaments utilisés pour les addictions aux drogues pourraient être utiles, commentent les chercheurs.
La boulimie est dix fois plus fréquente chez les femmes que chez les hommes. Elle affecte 1 à 2% des adolescentes et des jeunes femmes aux Etats-Unis. Ses complications sont très sérieuses, allant de l'érosion dentaire aux troubles du rythme cardiaque, en passant par des irritations gastro-intestinales, des déséquilibres électrolytiques et des crises d'épilepsie.