Une forêt, une école, des petites filles. Le décor est planté…et ne bouge pas pendant deux heures. Pour son premier film (primé au Festival de San Sebastien en 2004), la compagne de Gaspard Noé (à qui le film est dédié) a choisit l’opacité, le mystère, l’ostracisme. Assumés, ils ont quelque chose d’aussi repoussant que séduisant, conduisant l’œuvre quelque part entre le pire du cinéma d'auteur- et le meilleur de l’atmosphérique (Pique-Nique à Hanging Rock de Peter Weir). Clairement, il ne s’y passe rien. Ou peu. Hadzihalilovic contemple l’enfance, droit dans les yeux, ces figures en jupes courtes, et construit tout son film sur l’essence quotidienne du monde des jeunes filles : les jeux (balançoire, cordes à sauter), les rires, les promenades, les amitiés, les larmes, les tracas. Du lieu, des adultes (Hélène De Fougerolles et Marion Cotillard), du pourquoi du comment : on n’en saura rien ; ce qui l’intéresse se trouvant ailleurs, dans l’éducation des jeunes filles, la hiérarchie naturelle des interactions, l’écoulement du temps (et sa perception), le rapport à la nature. Tout y est sensation, bruit, regard. Et pourtant. Sans cesse, le spectateur est dans l’attente et le questionnement : ce lieu isolé ne cache-t-il pas, dans ses caves et recoins, quelque chose de plus malsain ? A quoi sont véritablement destinées ces jeunes enfants ? Quels sont ces gens (tordus ?) qui viennent les voir danser ? La cinéaste n’y répond jamais, ses intentions étant bien planquées sous le label film d’auteur. Son but (démontrer que la perversité réside dans le regard dénaturé et déformé de l’adulte) était pourtant louable, mais le film, lui, est trop symbolique (ce jet d’eau final), trop sibyllin pour emporter l’adhésion. Car, si elle ne mâche pas tout le boulot au spectateur (c’est tant mieux), elle s’enferme cependant dans l’abscons le plus total (c’est dommage)- et ces deux heures de vide et de silence, même mises au service d’un concept intéressant (quoique résumable en deux lignes), demeurent tout de même discutables.
Une forêt, une école, des petites filles. Le décor est planté…et ne bouge pas pendant deux heures. Pour son premier film (primé au Festival de San Sebastien en 2004), la compagne de Gaspard Noé (à qui le film est dédié) a choisit l’opacité, le mystère, l’ostracisme. Assumés, ils ont quelque chose d’aussi repoussant que séduisant, conduisant l’œuvre quelque part entre le pire du cinéma d'auteur- et le meilleur de l’atmosphérique (Pique-Nique à Hanging Rock de Peter Weir). Clairement, il ne s’y passe rien. Ou peu. Hadzihalilovic contemple l’enfance, droit dans les yeux, ces figures en jupes courtes, et construit tout son film sur l’essence quotidienne du monde des jeunes filles : les jeux (balançoire, cordes à sauter), les rires, les promenades, les amitiés, les larmes, les tracas. Du lieu, des adultes (Hélène De Fougerolles et Marion Cotillard), du pourquoi du comment : on n’en saura rien ; ce qui l’intéresse se trouvant ailleurs, dans l’éducation des jeunes filles, la hiérarchie naturelle des interactions, l’écoulement du temps (et sa perception), le rapport à la nature. Tout y est sensation, bruit, regard. Et pourtant. Sans cesse, le spectateur est dans l’attente et le questionnement : ce lieu isolé ne cache-t-il pas, dans ses caves et recoins, quelque chose de plus malsain ? A quoi sont véritablement destinées ces jeunes enfants ? Quels sont ces gens (tordus ?) qui viennent les voir danser ? La cinéaste n’y répond jamais, ses intentions étant bien planquées sous le label film d’auteur. Son but (démontrer que la perversité réside dans le regard dénaturé et déformé de l’adulte) était pourtant louable, mais le film, lui, est trop symbolique (ce jet d’eau final), trop sibyllin pour emporter l’adhésion. Car, si elle ne mâche pas tout le boulot au spectateur (c’est tant mieux), elle s’enferme cependant dans l’abscons le plus total (c’est dommage)- et ces deux heures de vide et de silence, même mises au service d’un concept intéressant (quoique résumable en deux lignes), demeurent tout de même discutables.