Et je suis désolé de le dire, mais c'est un peu l'impression que me fait le nouveau iPad2.
Ouais, je sais, je sais : Il faut absolument plébisciter la tablette mobile pour avoir l'air cool et moderne. Mais il faut, de temps en temps, quelqu'un qui dise que le roi est complètement nu.
D'abord, je souhaiterais que l'un de nos lecteurs nous écrive ne serait-ce qu'une ligne, en expliquant s'il se sert de toutes les fonctionnalités de son iPad. En fait, faisons plus simple : vous avez bien un smartphone (c'est-à-dire, " téléphone intelligent ", oh, là, là, ça fait classe, ça !) ou vous connaissez quelqu'un qui en a un ; est-ce que vous vous servez vraiment de toutes les fonctionnalités ? Est-ce que vous avez déjà corrigé un texte sur un BlackBerry ? Sérieux ? Ou, le logiciel Excel, vous l'avez déjà ouvert? Ce logiciel où 99% des êtres humains qui ne sont pas des comptables ne voyons aucune fonctionnalité, même sur un ordinateur de bureau...
C'est clair que la plupart des applications sur nos téléphones portables ne servent strictement à rien (une boussole électronique sur un téléphone, par exemple, n'est pas l'outil le plus recommandable si vous êtes perdu en plein désert du Sahara, surtout avec sa batterie de 24 heures... C'est où l'Est ? Vas-y ! Vite !), donc c'est clair que les gars de chez Apple s'amusent à mettre n'importe quoi sur nos portables, juste pour s'amuser. Mais parfois, le fait de vouloir toujours faire mieux nuit à l'usage normal d'un téléphone ou d'une tablette mobile.
Ainsi, nous pouvons comprendre l'envie de toujours faire des appareils plus minces, avec plus de mémoire et plus de vitesse, mais l'iPad 2, avec son allure de mannequin anorexique, ne me rassure point.
La raison est très simple : il suffit de fermer les yeux et penser à combien de fois un CD ou un DVD est tombé d'entre nos mains pour se casser à jamais. C'est peut-être moi, maladroit compulsif, qui a tendance à tout faire glisser entre ses doigts. Mais j'avoue que, entre les calculettes, téléphones, iPod et d'autres qui se sont retrouvés par terre chez moi (parfois en mille morceaux), un appareil de 500 dollars américains qui a l'air de se casser rien qu'à cause d'un regard soutenu, ne m'inspire pas confiance.
Car il est 33% moins gros, ce iPad 2, et il est plus léger. Mais il vaut quand même 500 dollars américains (comme prix le plus bas), ce qui, pour moi, signifie un désastre écrit à l'avance. Je me vois déjà, en train de m'assoir dessus sans le vouloir. Je le vois glisser d'entre mes mains et s'écraser contre le sol, emportant avec lui toutes mes économies. De plus, côté fonctionnalités, je me vois en train de regarder son écran et ses applications, en train de me demander quelle nouvelle déprimante je veux suivre dans les journaux électroniques, si c'est le bilan des morts au Japon ou les manifestants assassinés en Libye. Je me vois en train d'utiliser ses applications une fois, pour me convaincre de son potentiel, pour ensuite retourner vers le crayon et le papier blanc. Je serais un Twitteur phonique. Un Facebooker sans visage. Un Youtuber sans idées à poster, sans court-métrage brillant, sans vidéo réponse à la dernière proposition du gouvernement, sans avis original sur rien.
Et je serais accro, je serais obligé de me racheter un nouvel appareil après avoir cassé celui-ci, je serais contraint à faire la queue pendant des heures dans le froid, pour me procurer le nouveau modèle proposé par Apple, le modèle en vogue pendant ces trois mois avant qu'un autre modèle s'impose parmi ceux qui suivent la cool attitude.
Nan, Steve Jobs. Ce monde va trop vite pour moi et votre iPad 2 très petit, ne pourra jamais subir le supplice que mon iPod (1, le premier, le plus gros) a subi pendant ces années, à la plage, dans le Métro, dans la rue.
Appelez-moi donc lorsque vous penserez aux mecs comme moi, avec peu d'argent et peu de tendresse pour les appareils, au moment de dessiner une tablette portable.