Les récents développements de la crise nucléaire japonaise laissent présager une possible catastrophe sanitaire et nombreux sont les observateurs, y compris au sein du gouvernement, à envisager le pire des scenarii, à savoir un nouveau Tchernobyl. Principale inquiétude: l’exposition de la population à des radiations. Quels sont les risques d’une exposition, voire d’une contamination?
On peut dégager trois cas de figure différents. Tout d’abord, la situation des personnes qui interviennent dans les centrales. Si ces personnes reçoivent des doses supérieures à 1 Gray, la moelle osseuse est atteinte, le taux de cellules sanguines diminue. Une telle dose reçue impose des traitements dans un hôpital, car elle peut très fortement être létale. La deuxième situation est celle des populations locales situées dans la dizaine de kilomètres qui entourent la centrale. Pour celles-ci, il n’y aura pas de symptômes mais une augmentation du risque de développer des cancers propres à ce type d’exposition. Enfin, la troisième situation concerne la population régionale soumise au passage du panache radioactif très large et moins concentré. Celle-ci reçoit sans doute des doses extrêmement faibles, comparables aux radiations émises par des scanners.
Envisageons le pire et voyons quels sont les risques d’une contamination par de très fortes doses de radiations, cas qui ne devrait concerner, on le rappelle, que des personnes intervenant dans les centrales. En cas d’exposition à de très fortes doses (comprises entre 20 et 50 Gy), le système nerveux est d’emblée lésé, ce qui entraîne une incoordination des mouvements, des épisodes de délire, un coma et des convulsions qui précèdent une mort rapide (quelques minutes à quelques heures).
Pour des doses légèrement inférieures (de 1 à 20 Gy), le syndrome se manifeste généralement en trois étapes. La première survient dans les minutes ou dans les heures qui suivent l’irradiation. Elle dure de quelques heures à quelques jours et se manifeste par un long cortège de symptômes digestifs (diarrhées, nausées, vomissements, anorexie) ou cutanés (rougeurs de la peau).
Vient ensuite une phase d’apparente guérison. Cette dernière est d’autant plus courte que l’irradiation a été massive (de quelques heures à quelques semaines).
Puis apparaît la phase aiguë et potentiellement mortelle, conséquence des lésions induites par les rayonnements sur les cellules dites «hématopoïétiques» celles qui, au sein de la moelle osseuse, assure la production et le renouvellement des différentes lignées des cellules sanguines. Les symptômes sont alors nombreux et variés selon les systèmes et tissus les plus touchés: symptômes digestifs, respiratoires, sanguins, cérébraux cutanés etc… Cette phase peut durer de quelques mois à deux années.
Ce genre de cas est bien évidemment celui qui alimente le plus de craintes, voire de fantasmes. Cependant, il faut rappeler qu’il est exceptionnel. A Tchernobyl, il a touché environ 200 ouvriers et pompiers. Les autres et nombreuses victimes le furent principalement à cause de traitements préventifs anticancéreux insuffisants, ce qui ne sera probablement pas le cas au Japon.