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[Mondialisation - Alimentation] Allons-nous manquer de produits alimentaires?

Publié le 16 mars 2011 par Yes

Allons-nous manquer de produits alimentaires?

par Reinhard Koradi, Dietlikon

Pourquoi cette question, alors que les devantures de magasins d’alimentation regorgent de produits? Alors que dans notre société d’abondance, tout n’est qu’une question de pouvoir d’achat. Ou y a-t-il néanmoins quelques raisons sérieuses de réfléchir à l’approvisionnement en produits alimentaires? On observe différents signaux d’alerte – partiellement occultés – mais ils sont là. On nous met déjà en garde contre des augmentations de prix dans le domaine de l’alimentation – et ce que des prix élevés pour des produits alimentaires déclenchent, nous a été clairement montré ces derniers temps. Les troubles politiques en Tunisie, Egypte et Algérie ont certainement des racines plus profondes – mais les prix du pain de plus en plus élevés ont soulevé la population et l’ont poussée dans la rue.

Basées sur le Rapport sur l’agriculture mondiale, trois questions se trouvent au centre de cet article, auxquelles nous devrons tôt ou tard trouver des réponses également dans nos régions.
•    Existe-t-il des moyens pour diminuer de façon décisive le problème de la faim et de la pauvreté dans le monde?
•    Comment peut-on protéger les ressources naturelles de l’exploitation et de la destruction?
•    Comment faut-il poser des jalons pour une sécurité de l’alimentation suffisante?

Les bases de production et le savoir existent

Au mois d’août 2008, le Rapport sur l’agriculture mondiale, commandé par les Nations Unies et la Banque mondiale a été publié.
Plus de 500 scientifiques ont résumé l’état des connaissances sur l’agriculture globale, sur son histoire et sur le libre accès aux connaissances, aux terres, aux semences, aux produits alimentaires et à l’eau. (Horizons et débats a plusieurs fois traité de ce rapport). Le rapport démontre des solutions, mais met aussi en garde contre de fausses pistes. Ce qui est déterminant, c’est la constatation que la terre dispose de suffisamment de res­sources pour nourrir la population mondiale de façon satisfaisante. Le savoir nécessaire ne manque pas non plus. Mais les principes de départ, tels qu’«agriculture industrielle» et «économie de marché», ont eu des dérapages pour conséquence. Ainsi, on a poussé à la monopolisation des marchés agricoles (concentration des facteurs de production dans le domaine alimentaire) et à la destruction, par l’agriculture dirigée globalement, des structures de production basées sur les entreprises fami­liales de petits paysans.
L’agriculture industrielle exploite les ressources naturelles disponibles de la terre. Elle remplace le travail humain par de l’énergie fossile, à l’aide de grands moyens techniques et agrochimiques. L’agriculture industrielle exige d’énormes quantités de pesticides et d’engrais chimique et absorbe environ 70% des ressources mondiales d’eau potable.

Continuer comme jusqu’ici n’est pas une option

Le Rapport sur l’agriculture mondiale fait un sort définitif au mythe de la supériorité de l’agriculture industrielle dans une perspective économique, sociale et écologique.
Il formule au lieu de cela comme nouveau paradigme pour l’agriculture du XXIe siècle, des structures de petits paysans – avant tout pour l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine.
Les chances – de vaincre la faim – sont donc absolument intactes. Il suffirait d’une approche différente dans l’économie agricole – comme d’ailleurs dans d’autres domaines écono­miques. La libération de l’OMC, du FMI et de la Banque mondiale des contraintes posées par quelques rares «Dagobert Duck» faciliterait certainement cette «Révision des modes de pensées». La passion du lucre devrait céder le pas au principe de «servir les humains». L’activité économique doit être un service à la communauté et doit s’orienter en primeur d’après les besoins fondamentaux des hommes. Appliqué à l’économie agricole, cela signifie qu’il faut confier la production, la transformation et la distribution de produits alimentaires, surtout dans des régions peu développées, à des structures de petites entités intégrées localement en réseaux. Elles sont les garants les plus importants et le plus grand espoir d’un approvisionnement alimentaire socialement, économiquement et écologiquement durable pour une population mondiale croissante.

Les conséquences du Rapport sur l’agriculture mondiale n’ont pas (encore) été tirées

La peur de la faim est présente. A la question: Quel est le problème le plus important qui se pose en ce moment dans le monde?, une enquête faite en janvier/février 2009 par l’«Euro-baromètre» cite les réponses suivantes: deux tiers des personnes interrogées voient comme problème le plus important pour le monde la pauvreté croissante, les produits alimentaires faisant défaut et l’accès insuffisant à l’eau potable (66%). En deuxième position vient la crise économique mondiale (52%), en troisième lieu le changement climatique (50%), puis suit la peur du terrorisme international (42%), et à la cinquième place nous trouvons les «conflits armés» (39%). (cf. «Neue Zürcher Zeitung» du 17/11/10).
En 1990, 822 millions de personnes souffraient de la faim, en 2008 on en comptait déjà 963 millions et aujourd’hui ça dépasse le milliard. Chaque année, 8,8 millions d’hommes meurent à cause d’un approvisionnement insuffisant en nourriture ou en eau propre.
Répartis par régions, en Asie 524 millions d’hommes souffrent de la faim, en Afrique subsaharienne 206 millions, en Amérique latine 52 millions et au Proche-Orient 38 millions, et ceci dans une mesure mettant la vie en danger. Par rapport au niveau de développement des économies nationales, dans les pays en voie de développement, 820 millions de personnes, dans les pays émergents 25 millions, ne parviennent pas à se nourrir suffisamment. Mais même dans les pays industrialisés, la faim s’étend de plus en plus. Apparemment la pauvreté et la faim se côtoient de très près.

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Allons-nous manquer de produits alimentaires?.


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