« C’est quelqu’un qui essaie de construire une cathédrale sous l’eau et qui n’y arrivera jamais. » C‘est par ces mots que Mauro Remiddi tentait élégamment il y a quelques mois (interview) de définir son projet Porcelain Raft. Mauro est heureux. Les longs échanges ou les brèves rencontres qui constituent son carnet de voyage notamment lors des tournées avec Blonde Redhead ou Yuckl’animent et l’émeuvent et donnent à son art ses lettres de noblesse. « Pour toutes les attentions reçues par des inconnus, je ne tiendrai jamais ça pour acquis » ; c’est ainsi que le plus anglais des Italiens nous souhaitait un joyeux Noël sur la toile avec Come Closer. Ce dernier titre avec Rubber de Yuck composent le moment de pure beauté que Mauro nous a offert il y a quelques jours en privé. J’ai toujours été séduit par la sensibilité de l’autre. Je ne parle pas ici de n’importe quelle sensibilité mais de la discrétion, de la finesse, d’une certaine grâce timide. Une attirance parfois maladive, un désir de connaissance insatiable de l’être introverti qui me déséquilibre. C’est pourquoi quand Mauro, debout, assis ou à genoux, nous offre ses morceaux, il est à la fois immense et indécent de recevoir tant d’éclat et de faire ensuite uniquement partie de ses tranches de vie. Le quitter devient alors un réel supplice que vous ne pouvez qu’écouler silencieusement et longuement en larmes de sang.