Par ces temps où l’on parle de catastrophes naturelles, d’irradiation, de clandestins, de rébellions et de révolutions, un peu de rêve dans une salle obscure ne fait pas du mal. Alors nous voilà au Max Linder pour une séance presque privée de Fighter.David O. Russell nous livre l’histoire vraie de Micky Ward, le champion du monde de boxe BWU connu surtout pour les combats contre Arturo Gatti. Le film se déroule sous la forme d’une chronique familiale, au sein de laquelle deux frères ont fait de la boxe le but de leur vie.Si vous pensez aller voir un film sur la boxe, détrompez-vous car ce n’est pas que ça. Il s’agit d’une histoire de famille sur la confiance, le devoir et l’amour. Les scènes de boxe ne sont pas nombreuses mais très bien travaillées. Malgré le fait que le film a un budget assez conséquent, à aucun moment durant le film vous n’avez cette impression d’être devant une grosse production américaine. Les scènes sont filmées très simplement, les décors sont minimes et les costumes aussi. Le travail le plus formidable appartient au réalisateur et il consiste à avoir réussi à tirer le meilleur de ses acteurs. Ce film repose sur son histoire très touchante et surtout sur ses interprètes.Prenez par exemple Christian Bale. Un acteur moyen, qui joue parfois d’une manière si minimale qu’on peut se demander pourquoi il est acteur. Mais dans ce film il nous fournit une prestation exceptionnelle qui lui vaut d’ailleurs un Oscar. Comme quoi, même un acteur moyen bien dirigé peut devenir éblouissant. Même chose pour cette magnifique actrice, Melissa Leo, qui joue cette mère envahissante de Micky Ward et Dicky Eklund. Elle nous emporte du début à la fin dans sa volonté de maintenir unie la famille. Malgré le fait que Mark Wahlberg n’obtient pas de prix pour son interprétation, il nous touche profondément par ses émotions, sa simplicité et par sa manière de ramener à l’écran l’amour entre deux frères. C’est bien lui qui a tenu absolument à faire ce film. Il n’est d’ailleurs pas seulement acteur mais aussi producteur de ce film. Durant 4 ans il s’est entraîné pour pouvoir jouer le rôle de ce boxeur.
Ce que j’ai apprécié est cette manière de traiter l’histoire. Le réalisateur aurait pu faire un drame et tomber dans le cliché, or en s’inspirant de The Wrestler, il nous fournit un travail sur l’humanité et le désir de réussir. Le film dans le film est ce qui m’a induit en erreur et qui, finalement m’a fait entrer dans l’histoire. Ainsi, le fait de se rendre compte qu’à un moment donné ce que vous voyez n’est pas exactement ce qu’il se passe est un artifice de mise en scène bien trouvé.De plus cette manière de filmer près du corps de ses acteurs et de parfois utiliser la caméra épaule nous charme dès le début. Les travellings dans cette ville sur une musique qu’on avait presque oubliée, celle des années 90, nous font entrer dans cet univers compliqué. Je ne vous cache pas qu’entendre Whitesnakes avec Here I Go AGAIN a été le meilleur moment du film. Les années 90 riment pour moi avec les années de gloire du rock. Et je trouve que la musique du film traduit l’atmosphère de ces années.
Alors si vous avez un petit moment pour vous échapper, allez voir ce film. Non seulement il vous remontera le moral, mais il vous portera dans ces années de gloire de la musique et de la liberté.