Ivoiriennes,
Ivoiriens,
Mes cher (e) s compatriotes,
Cher (e)s ami(e)s de la Côte d’Ivoire,
Après la longue crise qui a gravement éprouvé les ivoiriens, notre pays
connait à nouveau, depuis plus de trois mois, un regain de violence
sans précédent.
Cette situation grave et intolérable est due à l’insistance du Président
sortant, Monsieur Laurent GBAGBO, à vouloir se maintenir au pouvoir, en
dépit du bon sens et du verdict des
urnes.
A toutes les familles des victimes de cette barbarie, je veux
renouveler, ce soir, mes condoléances les plus attristées, ainsi que
tout mon soutien et la solidarité du
Gouvernement.
Aux blessés, j’exprime ma profonde compassion et je souhaite un prompt
rétablissement.
L’assassinat d’un seul ivoirien, l’arrestation et la détention
arbitraire d’un seul de nos concitoyens, constitue un motif suffisant
d’indignation et de révolte ; aucune conscience humaine ne peut accepter
ces graves atteintes aux droits de l’homme et au droit à la
vie.
De même, des actes irresponsables tels que le braquage de la Banque
Centrale qui a conduit a la fermeture des banques, les coupures
intempestives d’eau et d’électricité, font de la vie quotidienne des
ivoiriens un véritable drame.
Au-delà d’une révolte légitime, ces crimes odieux et ces difficultés
quotidiennes constituent un motif suffisant pour chacune et chacun de
nous pour continuer le combat contre la violence et la recherche de la
paix.
Il nous faut, en toute circonstance et plus particulièrement maintenant,
opposer à l’usage aveugle de la violence, la force de la paix et de
l’amour.
Pour la paix et par amour pour notre pays, il nous a fallu faire preuve
de patience.
Cette patience n’a pas toujours été comprise de tous, mais elle était
nécessaire.
Elle était nécessaire pour nous sortir durablement de cette crise;
nécessaire pour une paix définitive.
Mes chers compatriotes,
C’est dans le cadre de cette recherche de sortie de crise pacifique, que
le 5 mars dernier, le Président de la Commission de l`Union Africaine,
Monsieur Jean Ping, m`a transmis l`invitation du Groupe de Haut Niveau,
composé de cinq Chefs d’Etat, représentant les cinq régions du
continent, pour participer à une réunion à Addis Abeba, en vue de
présenter les conclusions de ses travaux sur la crise postélectorale en
Côte d`Ivoire.
Conformément à son mandat, le Groupe de Haut niveau a proposé un plan
global de sortie de crise au Conseil de Paix et de Sécurité de l`Union
Africaine qui l`a entériné.
Ces propositions s’articulent autour de cinq points :
- La réaffirmation définitive de la victoire du candidat Alassane
OUATTARA à l’élection présidentielle du 28 novembre 2010
;
- La formation d’un gouvernement d’union et de réconciliation
nationale;
- La poursuite des réformes prévues dans l’Accord Politique de
Ouagadougou, notamment la réunification du pays et des forces armées et
l’organisation des élections législatives
;
- L’impulsion de mesures d’apaisement et de confiance dans le cadre
d’une politique de réconciliation nationale
;
- La mise en œuvre de mesures d’accompagnement, dont l’appui des
Institutions africaines et de la Communauté Internationale pour le
redressement et la reconstruction de la Côte d’Ivoire.
Cette solution politique d`ensemble constitue pour notre pays, une
nouvelle et dernière opportunité de sortie de crise pacifique.
C’est pourquoi, j’accepte ces recommandations de l’Union Africaine, en
vue d’abréger les souffrances du peuple ivoirien et de restaurer la paix
et la réconciliation en Côte d’Ivoire.
Je voudrais donc en votre nom, remercier tous les Chefs d`Etat du Groupe
de haut niveau et du Conseil de Paix et de Sécurité, pour leur
engagement aux côtés de notre pays durant toute cette période. Je leur
exprime ma gratitude pour leur détermination à nous accompagner dans le
processus de reconstruction de notre cher
pays.
Je remercie tout particulièrement mon ainé, le Président Henri Konan
BEDIE, Président de la Conférence des Présidents du RHDP, pour son
soutien continu et ses conseils avisés.
Je m`engage à œuvrer pour la réconciliation de toutes les filles et tous
les fils de notre cher pays.
A cet égard, conformément à mes engagements antérieurs et aux décisions
du Conseil de Paix et de Sécurité, je formerai un gouvernement d`union
et de réconciliation nationale qui regroupera toutes les compétences
issues des forces politiques de notre pays, y compris le FPI, et la
société civile afin de procéder au redressement de notre
pays.
Il est impérieux que nous réapprenions à vivre ensemble dans la paix.
Dans cet esprit, j`encouragerai la concertation avec les leaders
politiques pour entretenir un climat de confiance et de paix afin
d`achever les réformes institutionnelles nécessaires à la consolidation
de la démocratie.
La réconciliation devra également s`accompagner du pardon, de la
fraternité et du respect mutuel, nécessaires à la cohésion de la Nation.
Cependant, pour tenir compte de la mémoire des victimes et assurer
leur indemnisation, une Commission Vérité et Réconciliation sera mise en
place dans les meilleurs délais.
Cette cohésion nationale nous permettra de faire face aux défis
auxquels notre pays est confronté dans tous les secteurs
d’activités.
Mes chers Compatriotes,
Notre pays peut et doit repartir, pour autant que nous en ayons tous la
volonté. C’est pourquoi, je demande à toutes les parties, au Président
sortant, au Conseil Constitutionnel, à l’Armée et à l’Administration,
d’accepter cette opportunité que nous donne l’Union Africaine pour
sortir d’une crise qui n’a que trop duré.
Au Président Laurent Gbagbo, je voudrais dire qu’il est temps, dans
l`intérêt supérieur de la Nation, qu’il accepte de se conformer à la
volonté des ivoiriens et aux décisions de l’Union africaine, notre
organisation continentale.
Je lui demande de saisir cette nouvelle initiative du panel de haut
niveau de l’Union Africaine, après le vote des ivoiriens, après les
appels de la société civile, des religieux, de la CEDEAO, de l’Union
Européenne, des Etats-Unis, des Nations Unies et de tous nos
partenaires au développement.
Il doit comprendre qu’il s’agit là, pour lui-même et pour ses proches de
la dernière chance pour une sortie pacifique et honorable. Sa
responsabilité est personnellement engagée.
Au Conseil Constitutionnel, je demande de respecter la volonté du peuple
car aucune Institution n’est au dessus du peuple souverain.
Mesdames et Messieurs les membres du Conseil Constitutionnel, vous devez
reconnaitre que vous avez commis une forfaiture en ne disant pas le
droit.
Votre décision est un déni de justice. L’occasion vous est donnée de
vous racheter et de participer à la réconciliation des ivoiriens que
vous avez divisés.
Aux forces armées, je leur lance cet appel : Militaires, gendarmes,
policiers, éléments des forces paramilitaires, que vous soyez officiers
généraux, officiers supérieurs, officiers, sous officiers, militaires du
rang: il n`est pas tard, mettez vous à la disposition de la patrie en
appuyant la volonté du peuple.
Comme prévu dans l’Accord Politique de Ouagadougou, et en ma qualité de
Chef Suprême des Armées, je procéderai à la fusion des Forces de Défense
et de Sécurité et des Forces Armées des Forces Nouvelles sous un état
major unifié, dirigé par un Chef d`Etat Major Général et d’un adjoint.
Leur mission consistera à assurer la sécurité des personnes et des
biens, sur toute l’étendue du territoire national.
Aux fonctionnaires et agents de l`Etat : je vous invite à être des
agents de devoir, au service de la
République.
Mes chers Compatriotes,
Chers frères, chères sœurs,
Le débat sur l`élection présidentielle est terminé. Il est temps à
présent de bâtir ensemble notre pays ; et de réconcilier tous les
ivoiriens.
Je m`y engage en tant que Président de la
République.
Ivoiriennes, Ivoiriens, du Nord, du Sud, de l’Est, de l’Ouest, du
Centre, frères et sœurs venus d’ailleurs et pour qui la Côte d’Ivoire
est une terre d’hospitalité, je vous invite à taire vos ressentiments.
Ensemble, construisons la patrie de la vraie fraternité, celle qui va
au-delà des liens de sang.
Mes chers Compatriotes,
En m’accordant massivement vos suffrages le 28 novembre 2010, vous avez
fait de moi le Président de la République de Côte d’Ivoire ; mais
au-delà, vous avez fait le choix pour une Côte d’Ivoire réunifiée et
pacifique. Je veux incarner cette
espérance.
Je ne suis donc pas le Président d’une partie des Ivoiriens contre une
autre partie.
Je suis le Président de tous les Ivoiriens qui sont appelés à vivre
ensemble dans une Côte d’Ivoire à nouveau fraternelle, et prospère.
Mon programme de gouvernement ne fait pas de différence entre les
ivoiriens, entre les régions, entre les habitants de ce pays. Il prend
en compte l’homme dans toute sa
dimension.
Il nous faut bâtir une nation, construire un pays moderne et développé,
en mettant les talents et les compétences de tous nos valeureux fils et
filles, au service du développement de notre pays, au service du
bien-être de l’ensemble de nos concitoyens.
C’est le sens de mon engagement politique. Un engagement qui tire sa
source des valeurs de paix et d’humanisme prônées par le père de la
Nation ivoirienne, le Président Félix Houphouët-Boigny, et que le
président Bédié et moi-même nous sommes engagés à toujours
respecter.
Mes chers compatriotes,
Votre volonté de changement qui s’est manifestée par cette alternance
démocratique, ne sera pas déçue.
J’en fais à nouveau le serment. Faites-moi
confiance.
J’en appelle donc à un sursaut ivoirien pour construire ensemble, dans
la paix, l’amour et la fraternité, la Côte d’Ivoire
nouvelle.
Vive la Côte d’Ivoire, unie et
fraternelle.
Vive la
République.