Duncan Jones. Un réalisateur qui a su marquer les esprits en un film, ce qui reste assez rare pour le souligner. Après Moon (donc), l’auteur britannique s’embarque pour un film de studio, mais tout en y apportant sa marque. Film singulier, essai de science fiction, son Source Code trouve pleinement sa place dans sa filmographie encore réduite mais déjà détonnante.
Et il n’aura d’ailleurs aucun mal à rassembler le meilleur de sa génération pour arriver à ses fins. Avoir aujourd’hui Jake Gyllenhaal en acteur principal est une grande chance, surtout que l’acteur porte ici le film. Vétéran de guerre perdu entre conflit en Afghanistant et expérience militaire, assortie d’amnésie, son personnage se retrouve envoyé dans le temps/l’espace dans le corps d’une des victimes d’un attentat… huit minutes avant l’explosion. A charge pour lui d’utiliser cette aptitude pour retrouver le terroriste, et lui soutirer les informations d’un autre attentat à venir. On nage en pleine nouvelle de SF effectivement, pas très loin de Philip K. Dick (Minority Report, anyone?), et le film ne rate rien d’une narration ramassée sur son intrigue. Comme dans Moon, pas grand chose ne passe à côté. Habilement construit, tout autant concentré sur les personnages que sur l’intrigue, Source Code nous fait naviguer entre des aller-retours dans le train (qui explosera), la cabine (où est « connecté » Colter Stevens, le soldat), et la salle de contrôle. Pas besoin de grand chose pour raconter une histoire, et Duncan Jones ne semble pas aimer avoir beaucoup de casting, même si on passe du tout au tout par rapport au claustrophobiquement spatial Moon.
Toutefois moins prenant que Moon, justement, le deuxième long métrage de Jones convainc totalement. Le réalisateur, dont la prochaine réalisation sera Mute (si le film se fait), s’amuse visiblement autour des concepts de films, entre celui à l’acteur unique, ou celui autour d’un décor quasi unique (le train/la station). L’efficacité avant tout, et là où Tony Scott multipliait les effets pour une poursuite de train infernal, Jones joue la mise en scène quasi théâtrale sur les lieux de l’action, pour une partie plus sombre et fantastique du côté de l’expérience militaire. Découpé en deux mondes, Source Code ouvre la porte à un choix qui sera au final habilement détourné par le personnage principal. Car loin de rater sa sortie sur un sujet casse gueule, le film se clôt en beauté, offrant quelques grammes d’émotions avec finesse. Non, vraiment, le fan avéré de science fiction trouvera là de quoi se rassasier largement, pour un film qui joue habilement avec les codes du genre, sans extra-terrestres belliqueux ou matrice rebelle pour faire le spectacle.
Une vraie réussite donc, qui ne cachera quelques faiblesses dans la structure, largement rattrapées par l’intelligence de la mise en scène et le casting. Duncan Jones a un brillant avenir devant lui, reste à savoir s’il préférera les films concepts étranges et hypnotiques, ou les sirènes d’un Hollywood plus séduisant. Il vient de tester les deux avec succès, le choix est donc sien.