Dès que vous apercevez une mouche, ne cherchez-vous pas à vous débarrasser au plus vite de cet insecte effronté ? L’exposition temporaire du Muséum d’histoire naturelle de Nantes pourrait bien vous apporter une autre vision de ce diptère…
Sur le ton humoristique, le Muséum propose au visiteur de se faire juge du destin de la mouche, coupable et mise à mort ou innocente et graciée ? Le visiteur a tout le temps du parcours pour se faire son idée, à travers une succession d’ambiances thématiques.
Alors que vous traversez une volière de mouches (des souches de laboratoires, vierges de toute infection), vous êtes accueilli dans une ambiance sonore de bourdonnements. A peine remis de cette étrange atmosphère, préparez-vous psychologiquement à voir un cadavre animal en phase de décomposition… dévoré par des asticots de mouches vertes (bien vivants eux !) : en trois semaines de festin, ils peuvent venir à bout de la dépouille. Une estrade est même prévue pour les enfants afin qu’ils puissent admirer à bonne hauteur ce « work in progress ». Même si aucune odeur ne se dégage de la vitrine, les enfants ont tendance à se boucher le nez. Réactions garanties !
Malgré une répulsion générale, on apprend par la même occasion, et vidéo à l’appui, que la médecine utilise l’asticothérapie pour nettoyer des plaies : une technique assez peu répandue, qui a pourtant prouvé son efficacité et permettrait une meilleure cicatrisation.
Et comment parler des mouches sans évoquer d’autres diptères : les moustiques. Connus comme buveurs de sang, ils véhiculent très souvent toutes sortes de maladies : fièvre jaune, paludisme ou encore maladie du sommeil, transmise par la tristement célèbre « mouche tsé-tsé »… Une pièce rouge, aménagée comme une salle d’infirmerie, avec une succession de lits, permet d’en savoir plus sur ces pathologies. Le visiteur doit se pencher sur chaque lit pour lire les informations imprimées sur la couverture.
Après avoir traversé un couloir de planches aquarellées d’Eugène Séguy, entomologiste français, on accède enfin au tribunal : moment crucial pour lequel vous êtes invité à décider du sort de la mouche. Suite à la plaidoirie en vidéo-projection, le visiteur doit valider un des deux boutons qui se trouvent à son pupitre. La jugerez-vous coupable ou innocente ? Mérite-elle un destin tragique ou d’être libre de virevolter dans les airs ? Pendant le réquisitoire, jetez un œil à la galerie de portraits et de natures mortes sur lesquelles bon nombre d’artistes ont représenté une mouche. Vous ne verrez peut-être plus ces insectes volants d’un si mauvais œil !
Conçue par le Muséum d’histoire naturelle de Neuchâtel (Suisse), avec une scénographie d’Anne Ramseyer, cette exposition itinérante a le mérite de faire réfléchir sur le rôle des différentes espèces dans la nature et l’influence de l’homme sur leur destinée. La perspective de prendre part au jugement final est une manière originale d’impliquer le visiteur et de solliciter l’attention tout au long du parcours.
Les + :
- Un sujet étonnant, abordé de manière pédagogique, avec une mise en scène marquante.
- La salle finale du jugement implique de manière humoristique le visiteur suite à son parcours.
Les - :
- L’exposition du cadavre animal, dévoré par les asticots, peut heurter certaines âmes sensibles.
Plus d’images: Galerie Picasa
Informations pratiques :
Exposition « Mouches », du 25 juin 2010 au 27 mars 2011
Muséum d’histoire naturelle de Nantes, 12 rue Voltaire / Square Louis-Bureau, Place de la Monnaie. Ouvert tous les jours de 10h à 18h, sauf le mardi. Tél : 02.40.41.55.00.
Plein tarif : 3,5 €, tarif réduit : 2 €
Par S.D.