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Notre sultan

Publié le 15 mars 2011 par Malesherbes

Mon attention a été attirée par un entrefilet paru dans Le Monde du 15 mars où l’on peut lire ceci : « Oman se caractérise jusqu’à présent par une concentration totale du pouvoir dans les mains du sultan. Chef des forces armées et détenteur des portefeuilles de la défense et des affaires étrangères, Qabous Ben Saïd Al-Saïd préside également le conseil des ministres dont il nomme et révoque les membres ». Si notre président ne détient pas ces deux portefeuilles, il se permet néanmoins d’intervenir dans les affaires étrangères sans en consulter le ministre. On peut donc, sans exagérer le moins du monde, considérer que son pouvoir ne se distingue guère de celui de ce sultan.

Nicolas Sarkozy a un autre point commun avec ce sultan, c’est la méconnaissance du français. Je ne sais si ce dirigeant étranger a appris le français mais, qu’il l’ignore ou le maîtrise imparfaitement, cette imperfection est bien excusable. Il n’en va pas de même pour notre souverain, tant épris d’identité nationale, identité dont notre langue est une composante essentielle.

Le 3 mars, lors de son homélie au Puy-en-Velay, le chanoine de Latran a déclaré : « La chrétienneté nous a laissé un magnifique héritage de civilisation et de culture ». Un lecteur du Monde faisait remarquer que l’on ne peut avoir laissé un héritage qu’après avoir disparu. Je suppose que ce n’est pas ce qu’entendait notre admirable évangéliste. Il eut été plus judicieux de parler d’un patrimoine. Mais, le plus singulier, c’est la survenance de ce barbarisme, chrétienneté. Nicolas Sarkozy a ainsi ajouté une nouvelle perle, oserais-je dire un nouveau grain, à son chapelet déjà abondamment garni d’inventions plus fantaisistes les unes que les autres. Citons-en quelques-unes : héritation, fatitude, conquérance, trentagénaire, financement pérein, ad nominem, supervisation.

Si l’on a abondamment commenté la malheureuse bravitude de Ségolène Royal, au point que de nombreux humoristes en mal d’inspiration se plaisent à affubler divers mots du suffixe itude, je n’ai guère vu de médias relever ces fleurs de la pensée présidentielle. Inutile de préciser que des mains complaisantes se sont empressées de substituer chrétienté à chrétienneté dans la version officielle de ce morceau de choix d’un président laïque.


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