The Resident
Récemment ressuscitée, la légendaire Hammer reprend tout doucement là où elle s’était arrêtée, avec des contributions au cinéma de genre. Plusieurs dizaines d’années ayant passé, le studio délaisse néanmoins l’aspect gothique qui a fait sa renommée. Après Laisse-moi entrer, remake plutôt bien accueilli du suédois Morse, voici donc The Resident, mettant Hilary Swank aux prises avec un psychopathe.
D’une facture plutôt correcte, The Resident est toutefois extrêmement classique dans son déroulement. Nulle surprise à l’horizon pour l’amateur connaissant ses classiques, puisque le film ne dévie pas des chemins tracés par JF partagerait Appartement, ou encore La Main sur le Berceau. Un peu plus étonnant, le film cite aussi le Toolbox Murders de Tobe Hooper, avec ce vieil immeuble rempli de passages secrets permettant d’épier les locataires. Mais malgré le côté hyper balisé de l’intrigue, The Resident se laisse regarder sans déplaisir, grâce à une réalisation soignée explorant les moindres recoins de l’appartement, et surtout grâce à une magnifique photographie toute en jeux d’ombre et de lumière, signée Guillermo Navarro (Le Labyrinthe de Pan). Du côté de l’interprétation, Hilary Swank fournit un boulot classique mais efficace, tandis que Jeffrey Dean Morgan arrive presque à rendre touchant et pathétique son personnage de psychopathe obsédé. Dommage que le script le fasse virer dans la démence radicale dans le dernier acte, car le personnage aurait pu être beaucoup plus troublant autrement (à vrai dire il est presque plus sympathique que l’héroïne en début de film). On passera rapidement sur la présence au générique de Christopher Lee, qui n’a qu’un rôle particulièrement réduit et expédié comme cela lui arrive de plus en plus souvent malheureusement.
Sans surprise mais suffisamment bien emballé pour se laisser suivre sans trop d’ennui, The Resident ne laissera pas un souvenir impérissable dans les mémoires…
Note : 5/10
Etats-Unis, Royaume Uni, 2011
Réalisation : Antti Jokinen
Scénario : Antti Jokinen, Robert Orr
Avec: Hilary Swank, Jeffrey Dean Morgan, Christopher Lee, Lee Pace
Choke
Chuck Palahniuk est certainement un des meilleurs auteurs américains contemporains. Ses livres, sous des dehors bordéliques, sont des modèles d’écriture et de complexité, questionnant de façon acide et réaliste les travers du monde moderne. Pas étonnant dès lors que très peu de ses ouvrages aient été adaptés à l’écran, tant le foisonnement de ceux-ci parait difficilement transposable cinématographiquement. Après David Fincher et son génial Fight Club, c’est au tour de Clark Gregg (plus connu en tant qu’acteur, notamment dans Iron Man 2) de s’attaquer à une œuvre du déjanté auteur. Et il faut avouer que pour sa première réalisation, Gregg s’est lancé un défi de taille, puisque Choke est certainement l’une des œuvres phares de Palahniuk.
Un défi peut-être un peu trop ardu pour une première œuvre, tant le film de Gregg semble sclérosé par la peur de trahir l’œuvre d’origine. Choke est certes extrêmement fidèle au livre, mais sa mise en image est en même temps assez plate et sans grand relief. Du coup, malgré son histoire totalement déjantée (on parle tout de même d’un obsédé sexuel qui pense être un clone de Jésus et décide de faire le mal pour se prouver que ce n’est pas le cas !), le film de Clark Gregg manque singulièrement de folie et souffre d’une mise en scène très plate, purement descriptive. Là où Fincher collait à la folie de son personnage principal en multipliant les mouvements de caméra étranges et les astuces visuelles (la scène de « l’appartement Ikea »), Gregg se contente d’une voix off mollassonne.
Néanmoins, on saura gré au réalisateur de ne pas avoir édulcoré le propos du livre en évacuant toutes les idées dérangeantes, notamment sur la religion. Le côté satirique est heureusement toujours là, et certaines scènes mythiques du livre font mouche, comme celle du viol simulé. De plus, l’interprétation exemplaire de Sam Rockwell en loser obsédé est excellente (et on a grand plaisir à voir que l’acteur continue à se lancer dans des rôles peu évidents), et Choke permet à Anjelica Houston d’ajouter un nouveau rôle marquant à sa déjà très longue liste.
Choke n’est donc pas foncièrement mauvais, et comblera certainement les personnes découvrant l’œuvre de Palahniuk, mais il est certain qu’un réalisateur plus aguerri et au style visuel plus affirmé aurait certainement pu réaliser une œuvre beaucoup plus mémorable. N’est pas David Fincher qui veut…
Note : 6.5/10
USA, 2008
Réalisation : Clark Gregg
Scénario : Clark Gregg
Avec: Sam Rockwell, Anjelica Houston, Kelly MacDonald, Brad William Henke
2001 Maniacs: Field of Screams
Cinq ans après son sympathique remake du classique de Hershell Gordon Lewis, Tim Sullivan remet le couvert pour une suite pas forcément attendue. Bill Moseley remplace au pied levé Robert Englund dans le rôle du maire de la ville, mais sinon, le film applique à peu près la même recette que son prédécesseur et que le film original de Lewis : des seins, du sang et des chansons du Sud.
Sauf que cette fois la sauce a un peu de mal à prendre. Le film est assez poussif, Sullivan se perdant dans des digressions humoristiques hasardeuses, voire d’un mauvais goût assez douteux (notamment dans une séquence post générique à la fois vulgaire et ridicule). Les acteurs cabotinent à outrance (Bill Moseley en tête), quand ils ne jouent pas comme des pieds, débitant leurs dialogues sans conviction. A vrai dire, on croirait presque dans le film original, sauf que là les acteurs ne sont pas censés être des amateurs. Autre gros problème, pour un film qui s’intitule 2001 Maniacs, il manque singulièrement de gore. Passé le meurtre d’introduction, il faut attendre quasiment une demi-heure pour que le massacre commence réellement. Et les meurtres suivants mettent tout autant de temps à arriver, tout en manquant singulièrement d’originalité. Dommage car pourtant l’idée de délocaliser les habitants de Pleasant Valley avait du potentiel, mais n’est jamais exploitée. Idem pour la confrontation avec des têtes à claques issues de la télé réalité, qui se limite à montrer une bande de crétin pas vraiment différent de la chair à slasher habituelle.
2001 Maniacs : Field of Screams est donc clairement un gros ratage plus embarrassant qu’autre chose, et qui ferait presque passer 2000 Maniacs pour un chef d’œuvre.
Note : 3/10
USA, 2010
Réalisation : Tim Sullivan
Scénario : Tim Sullivan
Avec : Bill Moseley, Lin Shaye, Christa Campbell
L’Agence (The Adjustment Bureau)
Présenté sur les affiches britanniques comme un mélange d’Inception et de La Mémoire dans la Peau, L’Agence n’a comme souvent pas grand-chose à voir avec les films cités, si ce n’est la présence de Matt Damon au casting. Débutant comme un thriller paranoïaque oppressant, le premier film de George Nolfi (scénariste de La Vengeance dans la Peau et de The Sentinel) est en fait une parabole sur le libre arbitre doublé d’une touchante histoire d’amour. Pas de twist ici, puisque la nature des agents du bureau d’ajustement est révélée au bout de 20 minutes de film. Une astuce qui certes éloigne le film du thriller paranoïaque et anxiogène qu’on attendait d’une adaptation de Philip K. Dick, mais qui permet à Nolfi de se concentrer avant tout sur ses personnages et son histoire d’amour. Un choix qui ne plaira certainement pas à tout le monde, mais qui donne finalement au film tout son intérêt. A vrai dire, si on devait vraiment comparer L’Agence à un autre long-métrage, ce serait à Dark City. Car même si le film de Nolfi est beaucoup moins ambitieux, on retrouve cette même idée de l’amour transcendant la mémoire, et cette même lutte d’un homme seul contre un système injuste voulant le séparer de sa bien-aimée. Le look même des agents, avec leurs vestes et leurs chapeaux se rapproche de celui des Etrangers dans le film de Proyas.
Tout l’intérêt du film se concentre dès lors sur le fait de savoir si Norris va réussir à tromper le destin (et ses adversaires omnipotents) tentant de le séparer de la femme qu’il aime. Matt Damon ajoute une corde de plus à son arc, continuant à incarner des personnages variés, et son histoire avec Emily Blunt (formidable de fraîcheur et avec un petit grain de folie appréciable) est tout ce qu’il y a de plus crédible. Le reste du casting est aussi excellent, d’Anthony Mackie (Démineurs) en agent ne croyant plus en son travail, au grand Terence Stamp, glacial et manipulateur. Moins porté sur l’action que sur la romance, le film se termine néanmoins sur une course-poursuite originale et haletante qui complète avec panache ce bon moment de cinéma.
Note : 8/10
USA, 2011
Réalisation : George Nolfi
Scénario : George Nolfi
Avec : Matt Damon, Emily Blunt, Anthony Mackie, Terence Stamp