Posté par fdesbordes dans : ecrits (quand j'ai de l'inspiration),les lettres du chat... , trackback
Certains chats de gouttière, ceux qui ont des cicatrices un peu partout à force de s'être défendus, ces cougars un brin couard, traînent, portés par l'optimisme délirant qu'un jour ils pourront assouvir leurs ardeurs textuelles sur une presque ou parfaite inconnue, croisée au hasard d'une rue ou un soir tard. Certains de leurs mots peuvent être trompeurs, d'ailleurs ils en usent et en abusent, mais la plupart du temps leurs mots ont juste trop peur. Ils jettent les lettres et les phrases sur les fenêtres de l'inconnue et prennent la fuite en prenant soin tout de même de regarder, au loin, si elle les a lu.
Souvent l'inconnue balaie, d'un revers de manche ces tas incongrus, parfois elle s'attarde émue mais pas rassurée pour autant. Qui peut bien être l'auteur ? un voleur de coeur ? un passe-muraille sentimental ? Et puis c'est quoi ce charabia où vous avez besoin d'un dictionnaire ? un papy littéraire édenté et ravagé ?
Oui, la plupart du temps, ces drôles de chats de gouttière, errent, de rue en rue, et se désespèrent que personne ne reconnaisse ces petites fioritures en guise d'écriture, non signées bien sûr (le luxe de l'anonymat félinesque n'a pas de prix). Alors, après avoir mangé deux souris et trois moineaux, ils se prennent à rêver à tous ces mots si beaux qu'ils pourraient bien dire mais qu'ils préfèrent écrire.
Alors ils reprennent la route, incognitos et transparents, tellement insignifiants somme toute, que même si vous les croisiez, vous ne les reconnaitriez pas.