1968, en Angleterre, dans la gigantesque usine Ford, les femmes y travaillaient en minorité et leur salaire était largement inférieur à celui des hommes. De plus, leur atelier de travail était dans un état lamentable. Pour les centrales syndicales, leur situation n'était pas une priorité. Elles n'accordaient que peu d'intérêt à la condition féminine. Il a donc fallu à Rita O'Grady et à ses camarades se passer des syndicats pour faire valoir leur droit.
Ce film est intéressant à plus d'un titre. Bien qu'elle se passe en Angleterre, cette grève a eu des répercussions dans tous les pays industrialisés. Elle a permis de propager l'augmentation des salaires des femmes. Ce combat mené par ces ouvrières a favorisé l'émergence du féminisme et la revendication des droits des femmes. Il rappelle que toutes les luttes sociales ont été gagnées après d'âpres luttes et compromis et que ce qui est acquis n'est jamais définitif. En effet, déjà à l'époque, il existait des arrangements entre patronats et centrales syndicales. Les mouvements sociaux s'étaient déjà bureaucratisés et embourgeoisés. Preuve que la cooptation syndicat/patronat ne date pas d'aujourd'hui. Les travailleuses devaient suivre la direction syndicale qui avait déjà défini un plan de bataille de sorte qu'il ne déplaise pas trop à leurs adversaires. Mais fort heureusement, Rita O'Grady ne s'est pas laissée embobiner et a décidé de se battre seule, avec ses collègues, jusqu'à l'obtention de leurs revendications.
Cette histoire datant de 40 ans fait toujours écho à l'actualité. Ford menaçait à l'époque la secrétaire d'État Barbara Castle de délocaliser l'usine si elle répond aux attentes des grévistes. On a vu en 1970, en Angleterre, que l'augmentation du salaire des femmes n'avait pas fait couler l'usine Ford. Ça me fait penser au MEDEF, en France, et son chantage sur les "charges" sociales soi-disant trop lourdes et impossibles à tenir sur le long terme... C'est bizarre, mais j'ai l'impression que l'histoire se répète.
Instructif, réflexif et drôle, ce film sorti à l'occasion de la journée de la femme nous rappelle ces belles luttes qui nous ont permis d'obtenir du progrès social que, d'après les libéraux, nous devrions abandonner. Une belle leçon qui montre qu'une poignée de David peut faire céder un Goliath.