FlashForward (par Serge Aguié, blog)
Je n’arrive pas à le croire !!! Comment est-ce possible ? Seigneur, fais-que cela ne se passe pas! Hier soir, en me couchant je me suis éveillé vers 2 heures du matin pour travailler et j’ai eu un malaise de 2 minutes 40 secondes. Quand je suis revenu à moi, je me suis souvenu avoir eu un flashforward.
Dans cette scène surréaliste, je voyais mon pays, le 15 Mars 2011 en proie à une situation pour le moins cocasse. Un triumvirat composé de 3 chefs d’Etat voisins dirigeait de façon collégiale la Côte d’Ivoire sous la supervision de l’union africaine !! Cette situation est arrivée car à fin Octobre 2010, faute d’élection, une crise institutionnelle s’était ouverte. Le 2ème personnage de l’Etat avait demandé à la cour suprême de constater la vacance du pouvoir vu que cela faisait 10 ans qu’il n’y avait plus eu d’élections ; il voulait reprendre les choses en main disait-il pour organiser des élections libres et transparentes. Face au culot de ce jeune damoiseau- il est vrai adulé par une frange d’ivoiriens de tous bords politiques - une escalade s’en était suivie. Les députés de la mouvance présidentielle avaient lancé une motion de défiance envers le Président de l’assemblée nationale ; celui-ci malgré le soutien de l’opposition s’était vu déchoir de son titre dans des conditions ubuesques avec l’aide d’un personnage juridique qui avait démontré par A + b que constitutionnellement, ce patron du perchoir « félon » n’avait rien à y faire. Face à cette situation, les députés de l’opposition s’étaient auto-démis de leurs fonctions, leurs ministres avaient abandonné leurs fauteuils juteux au gouvernement (à leur cœur défendant, c’est vrai), et la jeunesse de ces partis s’était donné rendez-vous sur le macadam pour battre le pavé et nous donner l’illusion que notre goudron national était en travaux, fait extrêmement rare pour être remarqué d’habitude.
Dans un délire inédit les jeunes faiseurs de coupé-décalé s’étaient lancés dans des joutes endiablées selon leurs chapelles. Les décibels crachaient leurs lots d’injures dans toutes les sonos encore disponibles et cela nous changeait de la sémantique pornographique et nihiliste du travail à laquelle ces amuseurs publics nous avaient habitués. Fait ultime, les grandes stars de notre équipe nationale avaient déclaré décliner à l’avenir toute convocation, et refuser de donner aux ivoiriens des motifs de joie si la situation locale n’était pas éclaircie ; Une recherche soutenue par ce que l’Afrique a de meilleur en archéologie, n’avait pourtant pas permis de trouver des traces d’une récente campagne victorieuse de ces gladiateurs des temps modernes qui usaient en équipe nationale du « yield engagement » comme une compagnie aérienne userait du Yield management pour moduler le prix du billet selon le taux de remplissage de l’avion.
Dans la gradation ascendante vers le Pire, les institutions financières internationales avaient décidé de nous couper la manne ôh tant attendue du PPTE et un CD/DVD estampillé « Sorbonne Records » avait fait florès dans les rues d’Abidjan. On y voyait des autoproclamés spécialistes de l’économie politique pourfendre à coup de mots fleuris Robert Zoellick et consorts. La maîtrise du marketing des propriétaires du label Sorbonne Records avait mis en place une stratégie promotionnelle efficace pour assurer la diffusion à large échelle de ce document d’anthologie : Pour 1000 FCFA, vous aviez droit en plus au VCD du nouveau scandale sexuel qui avait eu lieu dans un bureau des tours administratives.
Bref cette situation était tellement incontrôlable que, las de voir un pays qui fut naguère cité en exemple, tombé dans le lucre, le stupre, la luxure et le désordre, nos aimables voisins chaperonnés par le « machin » africain ont décidé de siffler la fin de la récréation et de nous mettre sous-tutelle pour organiser de nouvelles élections. Aux dernières nouvelles, les élections prévues à fin avril 2011 pourraient ne pas se tenir car la société prestataire de service aurait mouillé la barbe des technocrates de deux des 3 pays nous dirigeant, laissant le troisième de côté. Quant à moi, dans mon flash, je me voyais en exil avec ma famille dans un pays africain assistant devant la télé à cette telenovela africaine à 2 balles. J’ai alors compris que ce n’était pas en réalité un vrai flashforward mais plutôt un rêve car quoi qu’il arrive, je resterais dans mon pays car mon amour pour l’héritage du vieux est trop grand et tous nos leaders quelques soient leurs ambitions, savent tous ce que signifie la Côte d'Ivoire de Houphouët-Boigny. Flashforward ? décidement, je suis trop accro aux séries de Canal+…
NB : Dans une narration, un flashforward intervient lorsque le lecteur ou le spectateur est informé d'éléments futurs au temps principal du récit.
visitez le blog de Serge Aguié