14 mars 2011
Le remuant Bertrand Morisset n’hésite pas à adresser quelques flèches au Festival de la BD d’Angoulême. Il est le patron du Salon du Livre qui ouvre ses portes jeudi soir. Le salon « de tous les livres » précise-t-il, même s’il reconnaît une affection particulière pour la bande dessinée. Rencontre.
Quelle est la position de la bande dessinée au Salon du Livre de Paris, cette année ?
C’est un axe majeur. Nous sommes dans le peloton de tête des grandes manifestations de bande dessinée en France, autant par la qualité du plateau que par le nombre d’auteurs qui sont près de 300, de la Ligne Claire à la bande dessinée pour la jeunesse. Cette année, nous proposons trois expositions : une que l’on a déjà vue chez BD Boum, autour de la collectionAgatha Christieproduite parEmmanuel Proust. On la réinstalle à Paris parce que nous avons 20.000 enfants qui viennent avec leur enseignant, ce qui renforce notre offre pédagogique. Et puis, cela fait plaisir de soutenir un éditeur indépendant. Ensuite, on a deux expositions importantes sur le Manga français avec Pika et une autre surThorgal, en hommage àRosinski,dans un axe « viking », car les lettres nordiques sont les invités d’honneur cette année au Salon. On va montrer ses œuvres de grand format, très plastiques. Il y a aura une grande conférence avec lui, des dédicaces, il sera très présent sur ce salon.
Est-ce qu’il y a une véritable adhésion des acteurs de la BD ? Delcourt ne vient pas cette année.
Oui, il a choisi de faire pour ses 25 ans des investissements budgétaires à Bruxelles et à Lausanne. C’est un choix. Je pense que ne pas être présent dans le Salon des éditeurs français est sans doute une erreur, mais pas une faute. Il y a toujours eu des absents au Salon du Livre. On n’a pas eu Dupuis pendant 20 ans. Maintenant, ils sont là depuis 10 ans. Pour moi, c’est un aléa de l’histoire. Mon but, c’est que la maison Delcourt soit là l’année prochaine, obligatoirement.
- Bertrand Morisset, directeur du Salon du Livre
- Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)
Quels sont les grands éditeurs qui viennent, alors ?
Tout le monde est là, à part Soleil qui ne vient jamais et qui ne va d’ailleurs qu’à Angoulême. Leur problème est qu’ils veulent une présence festive qu’ils maitrisent de A à Z. C’est pourquoi ils ont leur bulle à Angoulême. Nous, on ne peut pas leur proposer un « rocher isolé », ils ne peuvent pas faire un night club dans le Salon toute la journée, ce n’est pas compatible. On n’a pas trouvé une présence commune.
Les pays nordiques invités ?
Bizarrement, ils n’ont pas mis les moyens pour qu’il y ait une présence de bande dessinée. Je le regrette. On devait faire une belle chose avecMoomin, mais cela ne s’est pas fait. C’est le choix de l’organisation nordique d’investir principalement dans la littérature. Il y a 40 auteurs nordiques invités, pas d’auteur de bande dessinée. C’est un choix respectable, mais ce n’est pas de notre volonté. PourMoomin,les ayant-droits et Nordem, le conseil des pays nordiques qui est un organisme souverain, avec cinq budgets d’état, n’ont pas voulu investir. Cinq états, c’est toujours compliqué. Ils ont choisi de faire venir des écrivains pas trop connus, pas trop polar, ce qui est une bonne démarche puisque le polar marche à fond. Nous avons invité des auteurs de roman policier comme Mankell ou Theorin, à notre propre initiative.