Si d'autres éditeurs s'honorent de publier Helle Helle (première Danoise à recevoir le Prix Per Olov Enquist), Anne B. Ragde (un suspense écolo chez Balland), ou Herbjorg Wassmo (la star des lettres nordiques, traduite en 24 langues), on reste confondu devant la richesse du domaine scandinave des Editions Stock: Sara Stridgsberg, Sofi Oksanen, remarquée il y a an avec son puissant «Purge» (Prix Fémina étranger 2010), Monika Fagerholm aussi. Monika, reine du nord. Se souvient-on avoir jamais lu quoique ce soit d'aussi puissant, d'aussi original, que ses «Femmes merveilleuses au bord de l'eau»? Problème d'arithmétique appliqué à la littérature: un livre est plus qu'un livre, une œuvre, plus que la somme des ouvrages qui la composent. C'est le théorème Monika. Cet écrivain finlandais d'expression suédoise vit près de Helsinki et passe des semaines entières recluse dans l'univers de ses histoires. Son nouveau roman, «La Scène à paillettes», glisse de lieu en lieu, le «coin», la «pointe», le marais de Bule (où s'est tuée, en 1969, une jeune fille américaine, Eddie de Wire, dans les circonstances mystérieuses que décrivait son précédent roman, «La Fille américaine»). Avec «La Scène à paillettes», Monika redistribue les cartes, et raconte les mêmes événements sous un autre éclairage, plus diffus, lorsque le temps commence à effacer les souvenirs des protagonistes du drame. Il y a du Max Ophüls chez Monika Fagerholm, dans son art somptueux, «à paillettes», d'enchanter le réel, d'une manière enfantine, tragique, infiniment complexe comme la traque qu'elle raconte, celle du passé infidèle et des impressions évanouies.
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