La catastrophe japonaise en cours vient nous rappeler à quel point nos sociétés ultra-modernes sont fragiles. L'homme ne peut pas maîtriser la nature, celle-ci reprend toujours ses droits. Pour l'avoir oublié, le gouvernement japonais fait aujourd'hui payer le prix fort à son valeureux peuple.
Le débat sur le nucléaire vient donc d'un seul coup de faire son entrée, et nul doute qu'il sera un des sujets majeurs de la présidentielle. Ceux qui reprochent aujourd'hui aux écologistes leur attitude, de profiter du drame japonais, sont les plus cyniques, et comme par hasard, ils appartiennent tous à des formations politiques qui ont toujours milité pour le choix de l'énergie nucléaire. C'est oublier que les verts et leurs alliés ont tenté en vain d'alarmer sur la menace nucléaire depuis des années. Ils ont toujours prêché dans le vent. Alors, aujourd'hui, alors que les faits valident en partie leurs thèses, ils ont raison d'enfoncer le clou.
Nous devons, à l'instar des Allemands ou des Italiens, débattre sur la sortie du nucléaire. Mais attention, si sortie il y a, elle ne doit pas consister comme ce qui se propose chez nos voisins, à ne plus avoir de centrales nucléaires sur notre sol, mais à importer notre électricité nucléaire. Ce qui convenons-en est le comble de l'hypocrisie et du cynisme.
Depuis les années 60 et le choix du tout nucléaire en France, ce sont constamment des motifs économiques qui ont prévalus. Le nucléaire nous permet d'assurer notre indépendance énergétique. Mais face aux dangers avérés de ce type d'énergie, face à la montée inexorable des prix du pétrole, et à la raréfaction inéluctable de ce dernier, la question qui se pose, bien au-delà de la sortie ou non du nucléaire, c'est celle de notre mode de vie.
Le développement incessant du nombre de centrales est intimement lié au capitalisme et à un monde où la croissance économique seule compte. La consommation à outrance à un coup, et celui-ci n'est pas que financier, il est avant tout écologique.
Sortir du nucléaire, c'est repenser notre rapport au travail, à la terre, repenser tous nos gestes du quotidien. Est-il normal de consommer des plats cuisinés préparés en Italie, emballés à Taïwan et vendus à Paris, alors même que nous disposons de ces produits localement ? Plus largement, ne serait-il pas temps de relocaliser nos productions ?
A travers la question du nucléaire se pose donc la question de l'organisation économique de nos sociétés. Un monde qui organise la mise en concurrence des hommes entre eux, qui encourage les inégalités est un monde qui courre à sa perte. Repenser la question de nos moyens énergétiques, c'est repenser tout cela. Nous n'y sommes pas encore, mais les écologistes ont raison de poser ce débat. Il est celui qui sous-tend tous les autres.
Sur le sujet :
Pour tout comprendre, le site du réseau sortir du nucléaire, mais aussi le site naturavox.
Terra Phillia fait la promotion d'autres sources d'énergies possibles.
Sur d'autres sujets :
Un excellent blog sur le cinéma : L'oeil sur l'écran.