- Des projets abracadabrantesques
Plusieurs méga-barrages sont planifiés dans le cadre du « Programme de croissance accélérée » du Brésil visant à stimuler la croissance économique du pays par la construction de gigantesques infrastructures telles que routes et barrages, principalement en Amazonie.
- Le Belo Monte, construit sur le fleuve de Xingu, sera amené à devenir la troisième plus grande centrale hydraulique du monde, après les Trois-Gorges et le barrage paraguayo-brésilien d’Itaipu. Ce barrage gigantesque représente un nouveau chapitre d’un modèle de progrès énergétique. Les spécialistes estiment que ce lieu abrite l’avenir de l’énergie brésilienne. Il nécessitera près de 10 milliards de dollars d’investissement, et fera appel à plus de 200.000 ouvriers. La production commencerait en 2015 et produirait à terme 11 000 GW d’électricité.
- Le Santo Antônio et le Jirau sont en cours de construction sur la rivière Madeira en Amazonie brésilienne. Ces deux projets, dont le coût est estimé à 15 milliards de dollars, mettent en danger la vie de plusieurs groupes d’Indiens qui, en raison de leur isolement, ne sont pas informés des menaces qui pèsent sur leur territoire. Ce vaste projet hydroélectrique nécessitera l’ouverture de nouvelles routes qui provoqueront un afflux massif de colons et la destruction des forêts où vivent ces Indiens. La construction initiale a commencé en 2008. Le barrage de Santo Antônio est supposé entrer en service en 2011 et celui de Jirau en 2012.
- Des conséquences désastreuses
Ces trois projets, de part leur ampleur, vont intrinsèquement provoquer d’énormes dégâts sur le territoire amazonien, déjà très meurtri par les cultures agraires de palmiers à huile et de soja. Le barrage de Belo Monte risque d’outrepasser les frontières brésiliennes et de devenir un souci d’ordre mondial. Pour le moment, aucun déboisement du lac de retenue n’a été prévu ce qui risquerait d’accélérer fortement le réchauffement atmosphérique de part le méthane généré par la putréfaction de la « forêt engloutie ». Au total c’est plus de 9 millions d’hectares de forêt qui seront affectés, en grande partie par des inondations, sans parler des espèces rares et propres à l’Amazonie qui pourraient disparaître. Le barrage est également censé détourner plus de 80% des eaux du Xingu, donc avoir un impact majeur sur le stock de poissons et les forêts de la rivière.
Le rapport de la FUNAI indique que le tumulte provoqué par la construction du barrage et l’afflux de colons sur le territoire vont conduire à l’arrivée de nouvelles maladies auxquelles les indiens ne sont pas préparés telles que la grippe ou la rougeole. Toute forme de contact les menace d’extinction, comme cela a déjà été le cas par le passé. L’ouverture de nouvelles routes va provoquer l’arrivée de nouvelles populations de bûcherons, de mineurs et d’accapareurs de terre dans la région, accroissant la déforestation et anéantissant les zones de chasse et de pêche dont les Indiens dépendent pour leur survie.
Les tensions sociales et les conflits deviendront très vite inévitables, les territoires indigènes étant convoités pour leurs ressources naturelles.
- Les industriels français comme responsables
Quoi de plus étonnant que de constater qu’une fois de plus nos géants industriels sont à l’origine de ce massacre.
Cette fois, il s’agit de GDF-Suez, détenue en partie par le gouvernement français, qui est responsable du barrage de Jirau sur le fleuve Madeira, le principal affluent de l’Amazone. Les équipes continuent leur travail de forcené au détriment des tribus avoisinantes du chantier qui sont contraintes de plier bagages. Il s’agit là d’un véritable scandale démocratique quand l’on sait qu’aucun indien n’a été consulté avant la phase décisionnaire de construction du barrage.
L’enseigne française Alstom, numéro un mondial dans la transmission et la production d’électricité, a, quant à elle, érigé son drapeau sur le projet de Belo Monte. Alstom a signé un contrat d’environ 500 millions d’euros avec la compagnie brésilienne Norte Energia pour la fourniture d’équipements destinés au complexe hydroélectrique de Belo Monte. Certes, le groupe joue un rôle prépondérant dans l’avenir énergétique brésilien mais l’on doit reconsidérer les véritables enjeux que cela engendre avant toute décision hâtive.
- Avis de Sequovia
Les dégâts environnementaux et sociaux que ces 3 projets vont engendrer sont plus que jamais à prendre en considération. Nous sommes déjà en train de faire les frais de notre soif inconditionnée de croissance et d’excellence. Ces peuples indiens vivent paisiblement et sans le superflu qui, pour nous, est devenu vital. Revenons aux choses simples de la vie pour comprendre à quel point notre manière de vivre excède la raison.
Il est important de ne pas faire fausse route : nos industriels français se doivent plus que jamais de montrer l’exemple grâce aux initiatives novatrices en matière de développement durable et de RSE que le pays préconise grâce au Grenelle de l’Environnement. Jouer le jeu c’est une partie de la solution!