Donc, au dernier étage du Palazzo Fortuny à Venise jusqu’au 8 mai, Michelangelo Penso a installé une des représentations mathématico-biologiques gigantesques (24 mètres), balancelle suspendue au plafond, faite de lanières de caoutchouc entrelacées, comme un monstre énigmatique aux excroissances inquiétantes, peut-être sexuelles, mais très peu sensuelles (Circuito genetico RSBP*). Ce squelette mou de baleine, ce bondage de contention géant, tout en tension et en mollesse, traduction fantasmagorique d’un ADN dont des rondelles de verre dans un cabinet sont la source, est installé dans une pièce lumineuse, aux parois décrépites, où la trace du temps s’inscrit en quelque sorte dans la lèpre murale, où, ici et là, des triangles peints en rouges ponctuent la paroi, mais ne sont là que pour signaler les extincteurs…
Le contraste entre cette grande pièce et les travaux plus discrets parsemés ici ou là, petits dessins sur des textes collés à des carnets de moleskine, est saisissant.
Le fond de la pièce montre sur une cloison rouge bien plus nette que les murs, d’autres formes flottantes dont on se plait à regarder l’ombre autant que la sculpture elle-même.
Par ailleurs, au Palazzo Fortuny, si je n’ai guère été sensible aux robes de Roberta di Camerino, j’ai été séduit par le parcours L’automa concocté par Paolo Ventura au rez-de-chaussée : suite de photographies de maquettes et de petits personnages, racontant un épisode du ghetto de Venise pendant la guerre, recréant une atmosphère sombre et mystérieuse. C’est un travail intéressant de par cette dualité entre dioramas construits par l’artiste dans son studio et photographies, même si il aurait sans doute été plus onirique de n’en pas montrer le ‘making-off’.
* RSBP : Registry of Standard Biological Parts (M.I.T.)
Photos 1, 2 & 5 courtoisie du Musée Fortuny. Photos 3 & 4 de l’auteur