Hervé Hadmar (co-scénariste et réalisateur) et Marc Herpoux (co-scénariste) ont réussis leur coup voici un an, en proposant sur Canal+ « Pigalle, la Nuit », série nocturne et polar ambitieux autour du quartier parisien, entre strip tease, disparition et regroupement familial. Dépaysement total donc, les voici débarquant dès cette année sur France 2 avec six épisodes sur l’île de la Réunion, ramenant Sandrine Bonnaire et Sami Bouajila dans une histoire bien mystérieuse également.
Et la première surprise est plutôt de bonne augure. Signature est en effet un show qui ne rentre pas dans les cases des chaînes publiques (même si le duo d’auteurs avaient écrits pour France 3 « Les Oubliés »), assez sombre, moderne et mystérieux pour effrayer la ménagère de moins de 50 ans. Malgré tout, la présence de deux acteurs de renom en tête du casting devrait rassembler. Bonnaire incarne une journaliste française débarquant sur l’île pour retrouver un homme, et croisant un mystérieux pêcheur local (Bouajila) cachant plus de secrets qu’il n’y parait. Entre enquête classique, découverte de l’île (magnifiques paysages) et thriller en plein soleil, Signature offre beaucoup de choses originales par rapport à une série ordinaire de la chaîne, à commencer par une réalisation au couteau, très étudiée et stylisée. Hadmar prend le parti de faire bouger sa caméra, et le fait avec des idées, cassant le rythme normal d’une chaîne de grande chaîne. L’échappée de Canal+ est belle, entre deux saisons de Pigalle : on tient peut être là la première marque d’un changement. A suivre donc.
Pour autant ce premier épisode manque un peu sa cible, se posant trop pour détailler la situation au lieu d’imprimer tout de suite sa marque. Il n’en sera rien pour les suivants, beaucoup plus rythmés et enivrants. Le décor s’installe, l’histoire aussi, et on suit avec envie l’avancée de l’enquête. Plutôt séduit par l’originalité de la chose que par sa réelle efficacité, le spectateur aura six épisodes pour trouver la solution. Un format court qui ne devrait laisser aucun manque : casting ramassé, intrigues policières et fantastiques, les auteurs ont compris les faiblesses de leurs essais précédents tout en continuant dans un genre qui leur est propre. Entre drame du passé, et du présent, ils insèrent une bonne dose d’éléments de folklore local, plongeant dans un fantastique moderne, entre chamanisme et high tech, entre croyances et réalisme. On en tirera ce qu’on voudra, on a là une série hors norme, qui devra faire ses preuves au terme d’une diffusion (au printemps) assez courte, et qui pourrait bien inspirer d’autres choses.