1, 2, 3... Molière, par la Compagnie Décalages présents
Publié le 15 mars 2011 par Onarretetout
Découper des pièces de Molière en dialogues choisis, ça se conçoit. Quel en est l’objectif ? Rendre le texte accessible ? Mais comment comprendre la scène ainsi découpée, isolée de son contexte ? Il y a un a priori : les spectateurs vont savoir de quoi il s’agit. Ou le contraire : peu importe que les spectateurs comprennent. Si l’on arrive à reconstituer une histoire avec les morceaux d’histoires différentes, le spectacle peut être réussi. Des scènes extraites du Bourgeois Gentilhomme, du Malade Imaginaire et de L’Avare peuvent-elles faire une pièce cohérente ? Après avoir vu le spectacle de la Compagnie Décalages présents, j’en doute. D’autant plus que la compagnie a choisi des intermèdes qui nous éloignent de Molière. Que Boris Vian (« J’suis snob ») ponctue le Bourgeois Gentilhomme ne me choque pas. Mais si les mots de Boris Vian sont dits par l’acteur qui incarne Monsieur Jourdain (et non chantés par Boris Vian), il y a de quoi perturber le jeune spectateur. Et que dire de la fin du spectacle ? Les dialogues sont adaptés pour que ce soit une femme qui fasse la réplique au personnage masculin. La Flèche, un valet, est donc remplacé par une servante, qui fait le ménage avec un plumeau, soit. Mais cet accessoire devient prétexte pour terminer avec Zizi Jeanmaire, « Mon truc en plumes », dont les paroles ont bien peu à faire, à ce moment, avec la pièce de Molière.
Et c’est dommage, un tel manque de cohérence, parce que les deux acteurs jouent bien, que les scènes extraites des pièces sont bien interprétées, qu’on rit parfois, que les enfants réagissent, que le décor est simple et ingénieux, les costumes adaptés et que les anachronismes (costumes, musiques) sont en général bien venus.