Il a des allures de zombie avec sa tête de mec qui a passé trop de temps à snifer en rave party. Il est fringué comme un punk à chien : Doc Martens aux pieds, pantalon treillis noir, pull à capuche oversizé dans lequel se noie ce corps bien trop frêle. C’est Pantha Du Prince.
En le voyant arriver ce soir-là dans ce club perdu d’Amsterdam, j’ai eu peur de ce que j’allais découvrir. Je connaissais peu sa musique, juste un maxi « Stick To My Side ». J’avais une vague idée de ce qu’il proposait.
Dans ce club il y a du monde, trop de monde. Dans ce club il y a du bruit, trop de bruit. Le mec juste avant lui se prend pour un as de la platine sauf qu’il propose un set complètement déstructuré. Aucune cohésion, ça monte, ça descend… Le type mixe pour lui, le mec joue dans sa chambre. Son bordel saute. Silence. On se regarde, on voudrait lui jeter un verre à la tronche. La soirée sent le pourri, la fatigue se fait ressentir. Pantha du Prince n’est pas prêt de commencer.
Le mec a rapporté toute sa maison dans ses deux grosses valises : deux ordinateurs, un clavier, une console… L’installation est bien trop longue. On a l’air con au milieu de tous ces hollandais aux regards livides. Un écran s’illumine derrière la scène, une musique planante démarre. Caché sous sa capuche, Pantha du Prince prend le contrôle. Les zombies n’existent plus. En fermant les yeux, on pourrait presque s’imaginer flotter. C’est sombre, poétique, planant et dansant. Jamais un morceau de rap, ne pourra vous faire ressentir cet effet.