Cinéma cinéma. Allez voir Les femmes du sixième étage de Philipe Le Guay avant sa disparition de l'affiche. Pour
l'Espagne, pour la bonne humeur, pour Kiberlain en bourgeoise des années 50 plus vraie que nature ; et surtout pour Luchini en mari mutant.
Marchand de biens propriétaire d'un grand appartement dans un beau quartier parisien, sa vision des choses est
bouleversée quand il prend conscience, suite à l'embauche d'une bonne espagnole, de l'existence des mansardes du sixième. Tout s'éclaire peu à peu pour lui : ces esclaves sont des femmes, elles
ont une vie entre le repassage et la vaisselle, elles dorment, mangent, ont des amis et même vont au "petit coin". Ébloui, notre bourgeois, moyennant quelques péripéties conjugales, décide
d'emménager dans ce sixième.
Tels une Vanessa Paradis et un Johnny Depp propriétaires de domaines à trente millions de dollars dont ils
n'occupent que la parcelle où ils ont planté une caravane pour y fumer pieds nus des cigarettes roulées, Luchini ne veut plus voir, de son immeuble de luxe, que cette soupente miteuse avec
sommier sans ressorts.
Et pour cause! Il y découvre le bonheur, l'amour, l'amitié, le rire, la paëlla et le flamenco, bref son point G,
enfin.
L'épouse délaissée se consolera dans les bras passés à l'huile de lin d'un artiste peintre. Tant mieux pour
elle.
Ce couple des années 50 nous éclaire sur les racines du bobo et nous incline à penser que le modèle était en
préparation bien avant 68.
Pour conclure, et puisqu'on vous a tout raconté, on vous donne la suite.
Les enfants de Luchini et Kiberlain, frais émoulus de leur pension chic, traîneront à Nanterre, battront puis
lanceront le pavé. Puis, ils ne se marieront pas. Ils feront quand même quelques enfants, 1,9 selon la statistique de l'INSEE, qu'ils ne baptiseront pas, pour que ces derniers choisissent
eux-mêmes à leur majorité.
Lesquels enfants achèteront un loft a Montreuil, mangeront bio et feront le tri sélectif. Ils liront Télérama. Et
tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes : le nôtre.