Moh Dediouf, le roi de la pop sénégalaise est de retour

Publié le 14 mars 2011 par Africahit

(APS) - Représentant de la nouvelle vague d’une pop sénégalaise peu connue au Sénégal mais adulée à l’étranger, Moh Dediouf est de retour sur ses bases sénégalaises, pour témoigner par l’exemple d’une musique sénégalaise ouverte et imposée au monde, même si sa surcharge mbalax demeure inexportable de réputation.

Dans le sillage de la sortie de son second album (Smile Way Of Life), l’artiste doit se produire mercredi dans les locaux de la chaîne privée TFM, une manière pour lui de "lancer un message", pour "dire qu’il y a une musique sénégalaise qui existe, qui se vend et qui est là" présente pour répondre à la concurrence.

Une mise au point s’impose cependant, selon l’artiste dont le titre "Africaaa" a fait partie de la compilation musicale de la dernière Coupe du monde sud-africaine. "Je ne suis pas partie des artistes qui sont contre le mbalax", dit Dediouf, qui s’interdit tout autant de donner des leçons ou de jeter l’anathème sur le mbalax dont les horizons ne dépasseraient pas le Sénégal. Une telle attitude, de son point de vue, reviendrait à jeter le bébé avec l’eau du bain et serait donc contreproductif.

C’est que la démarche de Dediouf est surtout pédagogique. Et Smile Way Of Life est emblématique de cette orientation, dans la mesure où cet album, pour dire le tout, a été fait au Sénégal, avec des musiciens sénégalais et inspiré de textes passés dans le patrimoine musical sénégalais. Seuls les arrangements de cette nouvelle production n’ont pas été faits au Sénégal, précise-t-il.

Dans un contexte où le thème de la médiocrité supposée de la musique sénégalaise fait débat parmi les spécialistes notamment, qui arrivent tous au constat que le mbalax est incapable de se vendre et de se consommer hors du Sénégal, l’opération imaginée par Moh Dediouf consiste à mettre les points sur les i pour "dire : voilà on vend de la musique (à l’extérieur) et c’est une musique sénégalaise".

"Toutes les cultures ont plus ou moins une musique commerciale" adorée des gens, même décriée, de sorte que demander aux Sénégalais ce qu’ils peuvent chercher dans le mbalax reviendrait à interroger les Anglais, par exemple, sur ce qu’ils ont à voir avec la pop, explique Dediouf. Moralité : une musique doit d’abord se consommer sur le plan local.

"La surcharge (qui empêcherait le mbalax de se vendre et de s’imposer à l’étranger), c’est une histoire d’arrangement", souligne l’artiste selon qui il y a un travail à faire sur la mélodie qui permet au mélomane de pénétrer l’esprit d’une musique en contournant la barrière linguistique.

"Une bonne musique est destinée à tout le monde", rappelle Moh Dediouf, suggérant par ailleurs aux artistes de travailler davantage leurs textes pour leur donner un contenu plus universel qui n’aura pas seulement à voir avec des préoccupations sénégalo-sénégalaises.

Né au Sénégal en 1974, auteur, compositeur et interprète, Moh Dediouf fait partie de la nouvelle vague d’artistes sénégalais avec qui il faut compter pour imposer davantage la musique sénégalaise au monde.

Des quartiers de Dakar à son arrivée en Europe, Moh Dediouf a su s’imprégner de multiples influences pour mieux les assimiler à ses racines africaines. Dès son premier album autoproduit (Live in the Shade, 2007), il a été primé dans la catégorie World Music lors de l’International Songwriting Competition, avec sa chanson Adouna, parmi plus de quinze mille titres et cent pays représentés.

Grâce à son titre "Africaaa", l’artiste sénégalais établi en France avait été sélectionné pour faire partie de la compilation musicale de la Coupe du monde 2010 (11 juin-11 juillet), en Afrique du Sud où il a par la même occasion représenté les couleurs sénégalaises.

"Africaaa", selon sa maison de production, constitue "un témoignage de la richesse musicale africaine, un appel à la joie et au partage. C’est un véritable symbole de cette unité africaine que tant d’artistes appellent de tous leurs vœux". Il vient de sortir son second album.

BK/ASG