L’auteure dessine un portrait, celui d’une enfance, celui des habitants de ce quartier pauvre de Montréal, Hochelaga-Maisonneuve. Dès les premières pages, le lecteur est abasourdi par la violence du texte :
Elle reste assise de l’autre côté de la salle d’audience, le dos courbé, recroquevillé. Tout son corps dit « faites-moi pas ça ». Mais y a seulement Mélissa qui l’entend. Même si elle est loin. Elle l’entend. Parce que même courbée, même fuckée jusqu’à la moelle, Meg, c’est sa mère. C’est ça que tout le monde ici a d’l misère à comprendre. Meg, c’est sa mère anyway.
- Madame, vous devez dorénavant avoir une limite de cinquante mètres entre vous et votre fille, et ce jusqu’à preuve de réhabilitation.
Dans les appartements du bloc de ce quartier où ça prend sept bouteilles de bière pour un May West. On rencontre tour à tour, rapidement, tel un tourbillon, une spirale de violence, un cauchemar de misère et de pauvreté, entraîné par ces courts chapitres au rythme saccadé qui nous propulsent d’un enfant à l’autre, d’un parent fucké à l’autre. Trois instants présents, trois enfants, trois détresses. Mélissa, désormais seule, avec ses deux petits frères. Kevin, son père lutteur à temps partiel et Roxanne qui fantasme sur la Russie, apprenti violoniste, elle jouerait un concert juste pour les filles. « Un concert de putes, pour les filles perdues par une fille perdue. Résilience, courage et espoir sont des mots qui nous viennent en tête.
Premier roman de l’auteure, un prolongement de son film Ring qu’elle réalisa en 2007, composant sur les mêmes thèmes, le même quartier. Un texte attendrissant, des dialogues d’une grande justesse, des personnages réalistes, un premier roman qui promet.