Dépressif, anxieux maladif, victime de crises de panique ? Et si vous deviez blâmer vos parents pour vous avoir laissé ces problèmes en héritage ? Selon une étude récente, les enfants dont les parents souffrent de dépression ont plus de risques de développer le même type de problèmes dès l’enfance.
Une telle transmission a déjà fait l’objet de nombreuses études, mais cette "hérédité", si elle était confirmée, permettrait de mieux traiter les adultes et surtout de repérer les enfants à risques.
Les maladies mentales sont-elles héréditaires ?
En mai 20001, les résultats des travaux du département de psychiatrie de l’université de Columbia notaient que les cas de dépression chez des adolescents et des jeunes enfants étaient plus fréquents lorsque les parents étaient eux-mêmes dépressifs. Mais seule la survenue de ces troubles, dès le très jeune age, semblait associée à la réapparition ou la continuité de la maladie à l’âge adulte.
Mais toutes, ou seulement certaines maladies psychologiques, sont-elles transmissibles ? Cette question a motivé les travaux de nombreux pédopsychiatres. Dès 19912, l’équipe de Joseph Biederman émettait l’hypothèse selon laquelle les crises de panique et l’agoraphobie (peur des espaces vides et étendus ou au contraire de la foule) se retrouvaient plus facilement dans une même famille que la survenue de dépression.
Approfondissant leurs travaux, leur dernière étude parue dans The American Journal of Psychiatry3 s’est particulièrement intéressée aux modes de transmission de ces pathologies.
Un lourd héritage
Comment déterminer les prédispositions à certaines maladies psychologiques ? Hérite-t-on du caractère dépressif de ses parents ? Pour tenter de répondre à ces questions, les 380 enfants participant à cette étude ont été divisés en quatre groupes :
- Ceux dont les parents souffrent de dépression et de crises de panique ;
- Ceux dont les parents souffrent uniquement de crises de paniques ;
- Ceux dont les parents souffrent uniquement de dépression ;
- Ceux dont les parents ne souffrent d’aucun des ces troubles.
En comparant ces échantillons, les psychiatres du Massachusetts General Hospital ont observé de légères différences :
- Les crises de paniques et les tendances à l’agoraphobie des parents sont corrélées avec ce même type de problèmes chez l’enfant.
- Les dépressions majeures des parents semblent entraîner chez leur progéniture des risques élevés de phobies sociales, de troubles majeurs du comportement et de la sociabilité ainsi que le développement de dépressions. Ces enfants ont neuf fois plus de risques d’être confrontés à des dépressions majeures que ceux dont les parents ne présentent aucun trouble.
- Si les parents cumulent dépression et crises de paniques, les enfants seraient plus susceptibles de développer des crises d’anxiété de différents types.
Ces découvertes apportent des crédits supplémentaires à l’hypothèse selon laquelle la prédisposition à l’anxiété touche plusieurs membres d’une même famille. Cependant, d’autres études sur des échantillons plus importants seront nécessaires pour confirmer ces tendances et identifier les facteurs pouvant entraîner le maintien de ces troubles à l’âge adulte. Selon les auteurs, ces informations seront utiles afin de repérer précocement les enfants à risques pour les traiter au mieux.
Mais nous devons garder à l’esprit qu’un seul facteur ne suffit pas à déclencher une dépression. Si l’hérédité de ce trouble semble aujourd’hui se confirmer, il ne faut pas pour autant négliger la prise en compte des facteurs environnementaux.