A titre personnel je ne suis pas encore convaincu par la possibilité de sortir du débat sur le nucléaire par la voie du référendum. Comme ancien acteur du Grenelle de l'environnement, je le considère comme un instrument : il peut donner d'excellents résultats si les acteurs savent s'en servir.
Quelles seraient alors les conditons pour que le Grenelle de l'énergie soit un succès, c'est à dire permette une redéfinition des fondements de la politique énergétique française pour que celle-ci s'engage, conformément à nos engagements européens, sur la voie des économies d'énergie et des énergies renouvelables ?
La première condition tient à l'existence d'une mobilisation citoyenne. Sans pression extérieure, difficile pour les acteurs du Grenelle de travailler. Ce sont les conservateurs et partisans du statu quo qui gagnent en se battant pour que surtout rien ne change. Le Grenelle ne peut avancer que si la presse et tous les relais de la société civile s'emparent du débat. Le Grenelle est donc d'autant plus utile qu'il n'a pas lieu dans le salon d'un ministère mais partout en France.
La deuxième condition tient au choix des acteurs. Côté ONG, il faut que les associations représentatives et légitimes soient présentes. De FNE à Greenpeace en passant par le WWF ou les amis de la Terre. Mais la présence d'associations plus spécialisées me paraît également importante, du Réseau action climat à Sortir du nucléaire, si elles l'acceptent. Coté patronat il serait utile de ne pas faire appel qu'au MEDEF. La présence plus importante qu'en 2007 de représentants du secteur des énergies renovuelables serait précieuse.
La troisième condition tient au périmètre des discussions. Un Grenelle de l'énergie doit permettre de reposer la question du nucléaire dans un ensemble de questions relatives à notre modèle énergétique. L'enjeu n'est pas mince. Si le Grenelle se cantonne à parler de la sécurité des installations industrielles : sans intérêt. A l'inverse si le Grenelle de l'énergie permet de lié les problématiques de la précarité énergétique, du développement des renouvelables, du nucléaire, de l'indépendance énergétique etc.... son intérêt sera bien plus grand.
La quatrième condition tient à l'information portée à la connaissance des acteurs. Les partisans de l'atome sont passés mâitres dans la diffusion et la manipulation de chiffres invérifiables. Un Grenelle de l'énergie suppose que l'information soit partagée. Il faut enfin pouvoir disposer des vrais chiffres relatifs : au coût de l'énergie, à l'état des files d'attente de raccordement ....
En définitive, la première condition, celle relative à la mobilisaton citoyenne, est cardinale et mère de toutes les autres.