Article paru dans Ñ Magazine, le prestigieux supplément de Clarin, journal le plus populaire d’Argentine, le 1er Décembre 2007, à propos du premier concours Be Art, à Loncopue.
De la Patagonia au monde
"60 artistes, dans une ville de 6.000 habitants, on participé au projet d’un artiste belge. Leurs oeuvres feront l’objet d’une exposition itinérante.
C’est probablement la première exposition artistique organisée à Loncopue, Neuquén, où ne vivent gurère plus de 6 000 habitants. Il n’y a pas de musée ou de galerie d’art; on n’y trouve que des écoles, et du vent, beaucoup de vent.
Un vol en provenance de Buenos Aires, une voiture à la capitale de Neuquén, puis un périple entrecoupé de routes barrées et de grèves, furent nécessaires pour atteindre Loncopue. Le premier barrage eut lieu à Cutral Có. Ensuite, à Zapala, des manifestants s’employaient à barrer le passage, ayant déjà bloqué la moitié de la route. Nous rencontrâmes un deuxième barrage à notre arrivée à Loncopue. Le voyage en voiture, de Neuquén à Loncopué, qui aurait dû durer deux heures, nous en prit cinq ou six. On nous précisa que le vent, la solitude, et les routes bloquées font partie de la vie quotidienne dans la région.
C’est ainsi qu’immergés dans cette réalité âpre et pressante, plus d’une centaine d’habitants de la région prirent part à cette expérience unique : le concours “Be Art”, un des projets que Julien Friedler - un artiste belge - a mis en place à travers le monde. On peut définir le “Be Art” comme une tentative de transcender le champ de l’art de sorte à le projeter dans le champ social. Le projet de Julien Friedler se base sur l’hypothèse qu’il subsiste un champ créatif inexploré par les canaux traditionnels. L’oeuvre et le projet ambitieux de l’artiste sont détaillés sur www.beboz.org. Cependant, ici il est question uniquement des oeuvres proposées par les habitants de Loncopue, en regard de ce projet, que supervise Carmen Ferreyra, Argentine qui vit à New York.
Dans le cas présent, c’était un concours, qui rassembla 75 oeuvres, réalisée par une soixantaine d’artiste de la région, venant notamment de : Loncopué, Las Lajas, El Huecú et Caviahue. Divers types d’oeuvres furent exposés, céramiques, gravures, sculptures en pierre ou en bois, peintures, collages et broderies Mapuche - il y a beaucoup d’indiens Mapuche dans cette région.
25 de ces oeuvres furent sélectionnées pour participer à une exposition itinérante internationale. L’année prochaine, elles seront exposées à Munich, en Allemagne, et ensuite, elles intègreront le projet central de Julien Friedler : “La Forêt des Ames”.
Les participants au concours furent sans aucun doute ravis par l’opportunité de montrer leur travail à leur entourage, leurs voisins et d’autres artistes. L’exposition dura une journée, à la salle paroissiale du village, un lieu bien différent des galeries d’art. On put y apprécier du vin et des amuses-bouches; certains participants étaient intimidés et exprimaient beaucoup de respect d’être dans une exposition, même si c’était leur travail qui en était l’objet. Il n’y avait pas de luxe, pas de vanité et il n’y eut aucune conversation prétentieuse ce jour-là.
Les 3 oeuvres sélectionnées par le jury - Carmen Ferreyra, un critique d’art venu de Buenos Aires et une enseignante de la région - furent une grande sculpture en pierre, sans titre, représentant une tête de Mapuche, oeuvre de l’artiste Jorge Orlando Bagli; un dessin intitulé “Loncopué”, par Eugenia Fernández Melé et une pièce textile - “Morral”, réalisée par Susana Osés. Le public applaudit avec enthousiasme à l’annonce des 25 oeuvres. Ce sont des oeuvres d’art. C’est une part de l’identité de Loncopue. Et à présent elles sont prêtes à voyager autour du monde."
EDUARDO VILLAR
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