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Catastrophes au Japon: quelles leçons en tirerons-nous ?

Publié le 14 mars 2011 par Gezale
Le plus important séisme depuis plus d'un siècle vient de frapper le Japon. Il a entraîné un tsunami sans précédent et un nombre considérable de victimes encore impossible à recenser vu le nombre de disparus. Les pensées de France Nature Environnement vont d'abord aux victimes et à ce pays profondément meurtri par la violence de cette catastrophe.
Mais, au-delà des risques de répliques, France Nature Environnement (fédérant environ 3000 associations) s'inquiète des conséquences sur les réacteurs nucléaires, en particulier ceux de la centrale de Fukushima Daiichi qui comporte 6 réacteurs, analogues aux réacteurs français, (ce qui n'était pas le cas de Tchernobyl), mais de puissance bien moindre car s'échelonnant de 439 Mwe à 1067 Mwe (alors que les Français vont de 900 à 1450 MWe) et vieux de 30 à 40 ans. Le réacteur qui a explosé est le plus petit (439 Mwe), mais deux autres sont dans un état critique par manque de refroidissement.
Cet accident ressemble plus à celui de Three Miles Island, en 1979, aux USA, qu'à Tchernobyl sur un aspect essentiel : l'incertitude sur l'évolution des réacteurs, d'où des informations qui évoluent d'heure en heure.
« France Nature Environnement félicite tout d’abord le gouvernement japonais qui, en ces douloureuses circonstances, a assuré l’évacuation de la population la plus directement menacée, d'abord sur 3 km, puis 10 km et maintenant 20 km avec distribution d'iode, reconnaissant le risque de fusion du coeur, se démarquant ainsi du discours lénifiant de l’exploitant. FNE aimerait être sûre qu'en de telles circonstances le gouvernement français serait aussi réactif et transparent.

Et en France ?

Tout d'abord, si le risque sismique est moindre, les précautions face à ce risque sont aussi bien moindres qu'au Japon, pays exceptionnellement entraîné. Il suffit de rappeler que le centre nucléaire de Cadarache se situe sur la faille de la Durance, qu'il a fallu des années pour arrêter l'atelier plutonium et que ce n’est sans doute pas un hasard si les normes sismiques en usage en France viennent récemment d’être relevées.
L'accident le plus redouté, la fusion du coeur, peut se produire sans séisme. Il suffit que le système de refroidissement tombe en panne. Et là, toutes nos centrales de bord de mer ont une fragilité particulière face aux coups de mer et aux risques de submersion marine. Pour Jean Séname, membre du directoire risques et impacts industriels : « Les Pays Bas ont mis en œuvre à grands frais un plan Delta, la Belgique un plan Sygma. En la matière, et en dépit de l’alerte du Blayais, fin 1999, où une catastrophe provoquée par un mascaret fut évitée de justesse, nos défenses de côtes sont notoirement insuffisantes, incapables d’enrayer, comme ce fut le cas avec Xynthia en Vendée, une brutale montée de eaux. »
Il faudra tirer toutes les leçons de cet accident et ne pas le minimiser comme ce fût le cas en France au moment de Tchernobyl et comme nous venons déjà de l'entendre de la part du ministre de l'énergie, qui considère qu'il s'agit d'un « accident grave », mais pas d'une « catastrophe nucléaire ». Discours normal de la part d'un ministre qui nous a déjà dit qu'il soutenait totalement le nucléaire.
Pour Bruno Genty, Président de FNE, « il est urgent que la prévention des risques soit une priorité absolue et que, face à des risques nucléaires croissants, on se donne les moyens d'en sortir par une politique énergétique qui privilégie avec constance et détermination la maîtrise des consommations et les énergies renouvelables ».

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