Pour ceux qui l’ont connu, c’est un artiste doué d’un talent fou
qui a fait le bonheur des mélomanes avec sa voix nasillarde. Plus de dix
ans après son dernier opus sorti de son exil européen, il refait
surface sur la scène discographique avec un best of, intitulé à propos
«Best of of Solo Jah Gunt», en prélude à son prochain album, prévu l’été
prochain.
Une galette attendue par la planète reggae, d’autant plus que
son style dynamique et swinguant de l’époque avait laissé plus d’un
sur sa faim.
Considéré par beaucoup comme le n°1 du Rub a Dub style (variante du
reggae assimilable au rap) africain, Solo Jah Gunt a apporté à ce
courant musical né à la fin des années 70 en Jamaïque une touche
africaine et contemporaine «Reggae Ba Dub ».
Solo Jah Gunt, Souleymane Traoré à l’état civil, est né le 12
décembre 1967 à Ferkessédougou au nord de la Cote d’Ivoire. A l’âge de 4
ans il fabrique lui-même ses premiers instruments de musique : la
batterie est construite à partir d’emballages de carton et la guitare
est un savant assemblage de boîtes de conserves et de câbles de freins
de vélomoteurs. Dès l’âge de 8 ans, il joue comme batteur dans plusieurs
groupes locaux tels que les Mingstars du quartier Gare, les Gloglos de
Bromakoté, les Pinto de Ferké. Très vite, il devient le « bon petit » du
groupe Makumba de Ferké (qui a vu le passage de certaines figures de la
musique africaine telles que Alpha Blondy, Georges Kwaku, Camus, Abou
Smith…)
A 15 ans, Solo débarque à Abidjan la capitale dans le but de faire
connaître son travail artistique. C’est à cette époque qu’il rencontre
les principaux producteurs de la radio diffusiontélévision ivoirienne
comme Georges Taï Benson, Georges Aboké, Roger Fulgence Kassy, Koné
Siriki Sil, Baba Coulibaly, Francis Aka... Son culot, son énergie et sa
persévérance commencent à payer. Il a désormais une visibilité certaine
dans le milieu. Il participe à « Première chance », l’émission culte des
années 80 animée par Roger Fulgence Kassy qui met en scène les artistes
en herbe. Il remporte brillamment la sélection. Le public ivoirien est
immédiatement séduit.
Début 1990, il sort son premier album qui se vend à 300 000
exemplaires (sans compter les versions piratées, casquettes, teeshirts
…) et devient ainsi Disque d’or… ou plus exactement Wembele d’or. Ce
premier album fait non seulement un véritable tabac en Côte d’Ivoire,
mais encore dans toute l’Afrique de l’Ouest. Le rêve de Solo devient
réalité. Avec ses mélodies entraînantes, ses paroles revendicatives et
militantes, mais toujours remplies d’amour et de tolérance, Solo Jah
Gunt qui chante en français, dioula, sénoufo et anglais, devient vite
une référence auprès de la jeunesse ivoirienne et africaine.