Suite à la catastrophe naturelle vécue ce week-end par les populations japonaises, c’est aujourd’hui le risque d’une catastrophe industrielle nucléaire qui fait naître les inquiétudes de chacun. En effet, après les explosions au sein de la centrale de Fukushima et les incidents successifs au sein des centrales atomiques de Tokaï et d’Onagawa, c’est la filière entière qui va être remise en cause. Pourtant déclarée par Bruxelles comme énergie « décarbonée » au même titre que l’éolien, l’hydraulique et le solaire, le risque d’un accident nucléaire ne doit pas être écarté et pris à la légère. La France, qui produit 80% de son électricité grâce au nucléaire, se mobilise afin d’assurer la sûreté de ses installations.
- Qu’en est-il de la situation au Japon ?
Ce matin, les nouvelles du front n’étaient pas de bon augure. Un séisme de 5,8 sur l’échelle de Richter a de nouveau frappé le pays cette nuit. Jusqu’à mercredi, le risque d’une nouvelle secousse sismique sera de l’ordre de 70%. Selon les scientifiques, il faudra encore un an avant d’être complètement serein face au risque d’un éventuel désastre de ce type.
Le sort s’acharne sur le Japon, déjà bien amoindri par la situation, avec des risques industriels lourds dus aux accidents nucléaires de ces derniers jours. Selon le premier ministre, Naoto Kan, ce séisme et ces conséquences représentent la crise la plus grave que le Japon est jamais connu depuis la Seconde Guerre Mondiale, nous ne pouvons pas parler pour autant d’un second Tchernobyl. Onze des 50 réacteurs nucléaires japonais sont arrêtés depuis le séisme, provoquant une importante chute dans l’approvisionnement en électricité. Dès aujourd’hui, la compagnie d’électricité Tokyo Electric Power (Tepco), qui dessert la région Est du Japon, planifie des coupures régionales de courant par rotation.
Face à l’inquiétude des populations, le Gouvernement s’abstient pourtant de délivrer les informations détaillées relatives à l’état des centrales actuellement fichées de part le degré de dangerosité qu’elles représentent. Aucune information relative au taux de radioactivité dans l’air et son impact direct n’a encore été communiquée aux populations nippones même si le porte-parole du gouvernement japonais, Yukio Edano déclare que les fuites radioactives restent « faibles ».
- L’implication française
Un ministre du Parti Socialiste du Gers, Philippe Martin, a sollicité le président, Nicolas Sarkozy, a convoqué un G20 Environnement-Energie extraordinaire à la suite des incidents nucléaires au Japon en dénonçant un manque d’information « vraiment indépendante et fiable ». L’objectif est double : examiner les conséquences humaines, économiques et environnementales de ces accidents successifs au sein des centrales japonaises et travailler à l’élaboration d’une information vraiment transparente et fiable en cas d’accident nucléaire.
- L’exportation du nucléaire
Sur la voie d’une mutation vers le nucléaire, certains pays vont sans doute avoir la dent dure contre l’énergie atomique, suite à ce cas de force majeur qui s’est abattu sur l’archipel nippone. C’est actuellement la Chine, le Bangladesh ou encore l’Inde qui prévoient l’installation de réacteurs nucléaires, pays qui nous vous le rappelons sont considérés comme « à risque » du fait des catastrophes fréquemment répertoriées sur ces territoires (séismes, cyclones, inondations…). Les chinois annoncent la construction pour les prochaines années et pour faire face à l’augmentation de leurs besoins en énergie, la construction d’au moins 40 réacteurs nucléaires. Dans le cadre de cette étendue d’activité, le cadre réglementaire et les autorités de contrôle doivent impérativement être fermes et rigoureux pour éviter tout manquement à la sécurité des sites. Nous ne sommes pas en mesure de garantir le risque zéro, certes, mais étendre mondialement l’utilisation du nucléaire représente un risque d’autant plus important qu’un grand nombre de gens souffriront des effets néfastes de cette énergie.
Cet évènement tragique a réveillé les individus hostiles à l’énergie atomique. Les Etats-Unis sont sur le pied de guerre pour tourner la page du nucléaire. Des parlementaires américains ont appelé dimanche à un moratoire sur le développement du nucléaire aux USA afin de s’assurer que les centrales américaines peuvent supporter un événement catastrophique d’une telle ampleur. Il est également important de s’assurer qu’elles respectent les critères de sécurité les plus draconiens. Le risque est décuplé pour les américains dont le président, Barack Obama, a alloué 18,5 milliards de dollars de garanties de prêts au ministère de l’Energie pour assurer le développement de la filière. Il veut développer l’énergie nucléaire, dite propre, dans le but de diminuer la dépendance du pays envers le pétrole et le charbon.
- Avis de Sequovia
Sommes-nous prêts à payer le prix fort de notre course effrénée à la croissance et au développement économique ? La question n’est plus vraiment de savoir qui a tort ou qui a raison mais de trouver une solution sur le long terme aux problèmes qui résident aujourd’hui dans l’utilisation du nucléaire. En multipliant les points de production et le nombre de pays qui peuvent utiliser cette technologie, nous multiplions également les risques. Le gouvernement vient d’offrir l’énergie nucléaire à la Libye qui n’est pas une référence en matière d’exemplarité démocratique. A-t-on d’ores et déjà réfléchi aux moyens de s’informer sur les éventuels dysfonctionnements qui ne manqueront pas de se produire lors de l’exploitation ? Le mystère reste entier !