Après la déconfiture romaine et les propos de Marc Lièvremont à l'encontre des joueurs du XV de france, on se doutait un peu que des têtes tomberaient avant le dernier match du Tournoi, samedi prochain face au Pays de Galles.
Il sont six à quitter maillot bleu, sans qu'on sache vraiment s'il s'agit d'un au revoir ou d'un adieu. Ils ont en commun d'être plus proches de la retraite que des Reichels : Jérôme Thion, Yannick Jauzion, Clément Poitrenaud, Aurélien Rougerie et Sylvain Marconnet accompagnent Sébastien Chabal dans la charette.
Pour ce dernier, la sanction était attendue. Soutenu du bout des lèvres par le sélectionneur après son match sans relief contre l'Angleterre, le troisième ligne à poil long a fait encore moins bien face à l'Italie (ce qui en soit constitue, il est vrai, une sorte de performance). Pour Sylvain Marconnet ou Jérôme Thion, il ne s'agit pas non plus d'une surprise, d'autant qu'ils ont été appelés pour pallier des blessures et qu'ils ne figuraient pas parmi les premiers choix du comité de sélection. Enfin, on pourra toujours prétendre que Clément Poitrenaud a, une nouvelle fois, déçu les espoirs placés en lui, et que Yannick Jauzion ne semblait pas avoir les faveurs de Marc Lièvremont, qui ne l'a jamais vraiment intronisé comme le leader des lignes arrières, malgré son talent et son expérience.
On est un peu plus circonspect vis-à-vis de l'évictions d'Aurélien Rougerie. Présenté peu ou prou par Marc Lièvremont comme le meilleur numéro 13 Français, après avoir été sinon encensé, du moins montré en exemple par le sélectionneur à l'occasion des matchs précédents, il est lui aussi débarqué. Force est de constater que les vérités du jour ne sont pas celle du lendemain de défaite. A moins qu'on nous cache un différend plus profond entre le Clermontois et l'encadrement, il y a comme un petit défaut de cohérence dans ce choix.
Pour pallier ces départs, les sélectionneurs ont appelé Jérôme Schuster, Pascal Papé, Alexandre Lapandry, Fabrice Estebanez, David Marty et Alexis Palisson.
Pas de quoi crier au scandale, certes, mais pas non plus de nature à donner raison à tous ceux qui réclament un changement radical. En gros, une grande lessive mais pas plus. Pour le grand ménage, peut-être conviendra-t-il d'attendre le printemps ?
En rappelant ces garçons, les sélectionneurs ont choisi de piocher dans le vivier qu'il ont mis quatre ans à constituer. Ce n'est pas critiquable. Mais qu'il nous soit permis de nous interroger sur la plus-value d'un David Marty ou d'un Fabrice Estebanez par rapport aux cadres évincés. Quant à Jérôme Schuster, on reste dans le domaine du pari, alors qu'il nous faudrait désormais un minimum de certitudes.
On concédera volontiers que Pascal Papé mérite d'être revu en bleu et qu'Alexandre Lapandry s'est installé à l'aile de la troisième ligne Clermontoise, pourtant relevée, et postule assez naturellement à celle de l'équipe de France.
Au global, les motifs de satisfaction que peut faire naître la décision des sélectionneurs sont bien maigres au regard des critiques nourries dont ils ont été l'objet. On reste dans la demi-mesure alors qu'il faudrait revoir toute la démarche, depuis le projet de jeu jusqu'aux hommes chargés de l'appliquer.
On rétorquera qu'il faut d'abord terminer le Tournoi, en espérant un sursaut d'orgueil de la part du XV de France, et que les décisions les plus déterminantes seront prises, on l'a dit, au printemps, avant de lancer les travaux préparatoires à la Coupe du monde.
Ce serait effectivement assez logique. Et pour tout dire, inespéré.