1,2 millions de téléspectateurs hier midi sur Dimanche +, un résultat en hausse de 50 % par rapport aux audiences moyennes de l’émission politique de Canal +. La raison de ce succès : le documentaire « Un an avec DSK » et le buzz qui a accompagné la semaine dernière précédant la diffusion. Une page dans Libération, deux pages dans TéléObs, une page dans le JDD etc… Avec un message délivré tout au long de la semaine : ce documentaire allait être un pas de plus du « camarade providentiel » vers la candidature aux primaires de la gauche. Une semaine de buzz et de mise en scène accompagnée par un tir nourri des soutiens de DSK contre le processus des primaires.
Et au final que retient-on de ce documentaire à part le vide politique ? Qu’apprend-t-on sur la réforme du FMI et sa réorientation que DSK est censé avoir mené ? Que découvre-t-on sur les idées du « camarade providentiel » ? Que sait-on sur les intentions réelles de DSK ? Rien. Au final, le documentaire « un an avec DSK » apparaît comme une carte postale sympathique du grand oncle socialiste d’Amérique. Une de plus. What else ?
Dont act, pourrait-on se dire. Mais la façon dont a été orchestré le buzz autour de ce docu, somme toute assez vide, est révélatrice de deux tendances lourdes. D’abord la psychologisation à outrance du journalisme politique, et la place de plus en plus importante et pesante de la communication dans la politique. Sur la psychologisation, chacun doit tenter de décrypter les silences, les lapsus, et les allusions et ce au détriment de l’analyse des idées et des faits. N’aurait-il pas été plus opérant –même si moins sexy – de montrer concrètement comment un homme de gauche se dépatouille des contradictions inhérentes à sa position à la tête du FMI. Comment confronte-t-il la réalité aux idéaux ?
Dans le doc DSK dit « un homme de gauche ne nie pas la réalité, il tente de la corriger ». Le télespectateur ne saura malheureusement rien de la correction en question.
Sur l’omnipotence des communicants, il est temps de tirer la sonnette d’alarme. Que font Stéphane Fouks et compagnie de DSK si ce n’est un homme glamour qui se fait désirer ? Stéphane Fouks (EuroRSCG) qui est l’artisan de la mémorable campagne de Jospin en 2002 est en train de faire de DSK un personnage lisse, politiquement correct, loin des idées et du débat politique. Il est en train de mettre son prisme de communicant – plaire au plus grand nombre – sur une personnalité complexe et intéressante. C’est un drame pour la gauche. Drame car, si elle a besoin de savoir communiquer ses idées et ses conceptions de la société, elle a aussi besoin de montrer la complexité du monde, sans tomber dans le manichéisme imposé par les codes d’une communication politique éculée et déconnectée du monde réel.
Voilà ce qu’était finalement ce « un an avec DSK », un triomphe du vide, voire de l’insignifiant comme le montrait Cornélius Castoriadis. Insignifiant « camarade providentiel » qui tombe dans cette personnalisation à outrance en montrant qu’il sait faire « cuire des steaks » et défroisser son costume. Insignifiant journalisme politique qui en est réduit à simplifier le monde au risque de tomber dans le simplisme.