Nous ne sommes plus ici dans un archipel perdu et au développement désuet, mais à la pointe d’une civilisation du modernisme se revendiquant comme telle.
Sur les images qui nous parviennent c’est aussi un contraste qui frappe. Celui de cette modernité bafouée, bien sûr, mais aussi de cette extraordinaire « maturité » du peuple Japonais, dur à l’épreuve, digne dans l’adversité, cachant ses larmes, ce n’est pas poli … Comme si, en dépit de la religion du développement, ils avaient su conserver la certitude de l’éphémère, la conscience de la petitesse de l’homme face aux éléments déchaînés. Ainsi, ce serait dans la détresse que justement l’homme pourrait véritablement retrouver sa grandeur : celle qui ne s’exprime correctement que face à sa propre mort.
Moins nombreux dans le reste du monde, sur la terre ferme, seront ceux qui profiteront du petit « buzzer » de rappel qui vient de vibrer au Levant pour percevoir la « faille » qui est devant leur propre porte. Cet épisode japonais douloureux devrait pourtant nous rappeler à tous la présomption de nos croyances, l’inanité de certaines de nos certitudes, la pusillanimité de nos « précautions » Il suffit que la planète s’ébroue une à trois petites minutes pour que l’homme soit menacé de disparition. Voilà qui devrait pourtant remettre les choses à leur plus juste place. Soyons absolument certains qu’il n’en sera rien et qu’à l’image du tsunami dans l’océan Indien en 2004, l’humain reprendra ses querelles du futile une fois la boue séchée. Ont-elles d’ailleurs cessé ne serait-ce qu’un instant ?
Il est vrai que si la perception de sa propre « finitude » est évidente pour chacun, encourageant sa propre humilité (ce n’est pas vérifié à 100% !) ; pour ce qui est de l’humanité dans sa globalité, du genre humain, l’exercice se révèle beaucoup plus difficile même pour les lecteurs et adeptes de l’Apocalypse selon St Jean . Certains scientifiques ont trop fait croire que le cerveau humain était capable, à terme, de dominer les vicissitudes naturelles, que les technologies de plus en plus fines et sophistiquées résoudraient progressivement les équations encore incomprises. C’est ce leurre la que Dame Nature, « cette salope » dirait benjamin , vient de temps en temps débusquer avec sa force encore « contenue »
Pour combien de temps ? On ne sait, mais un temps compté, c’est certain.